Voici maintenant plusieurs semaines que je travaille avec un petit garçon de 6 ans qui présente vraisemblablement une forme atypique d’autisme.
Je dois dire que j’ai eu tout de suite envie de travailler avec lui quand sa maman m’a appelé, même si j’avais un peu peur de ne pas y arriver.
La première des choses, c’était bien sûr d’arriver à un créer un climat de confiance tout en posant nettement les limites car ce petit garçon s’engouffre dans toutes les failles en ce domaine. Il fallait donc instaurer d’emblée le cadre et il a été immédiatement clair qu’il fallait qu’il commence par travailler absolument seul avec moi.
Le premier contact s’est bien passé et lors de la 1ère séance, j’avais préparé, avec les conseils de ma formatrice, une série d’activités afin de mieux cerner où il en était.
J’ai retrouvé chez lui des traits caractéristiques de l’autisme: difficultés à s’organiser dans l’espace, maladresse en motricité fine, fascination pour les cercles et les mouvements circulaires, mise en place de routines pour se rassurer, sensibilité particulière au toucher, difficulté avec le tri et la mise en paire, difficulté de communication (il parle tout de même, mais pas à son institutrice et pas à moi dans la classe.)...
A côté de cela, E. est un petit garçon posé, intéressé par ce que je lui propose et qui arrive à se concentrer sur un travail. Il se sent rapidement en insécurité dès qu’il y a un événement nouveau, mais dans le cadre de la classe, il aime les nouveaux exercices et accepte de ne pas réussir du premier coup et d’y revenir plus tard pour s’entraîner.
Au fil des séances, nous progressons à son rythme.
E. était très malhabile. Il n’arrivait pas à refermer la fermeture-éclair et le déboutonnage lui posait un problème d’orientation dans l’espace. Maintenant, il y arrive et aime faire ce travail.
E. s’appuie beaucoup sur mes présentations. Bien qu’il ait déjà 6 ans et soit en limite de la période “esprit absorbant”, il les absorbe littéralement et, quand il le peut, il les reproduit dans les moindres détails. En fait, la présentation est très rassurante pour lui: elle lui donne un cadre, il sait où il va, la prise de risque est minimale.
La plupart du temps, E. est un petit garçon tout à fait méticuleux, même s’il n’est pas toujours habile. Ses gestes sont posés et il n’hésite pas à passer du temps pour que le résultat soit conforme à ce qu’il attend.
Le tri et la mise en paire ne vont pas de soi pour E. Il a fallu s’y reprendre à plusieurs fois pour qu’il comprenne bien l’exercice du tri de boutons. Au départ, il jetait les boutons au hasard dans les corbeilles après les avoir méticuleusement palpés. Maintenant c’est compris.
La mise en paire pose problème elle-aussi: c’est une notion qui ne va pas de soi pour E. Heureusement, il connaît bien les couleurs et les aime beaucoup. L’exercice de la boite des couleurs nous a beaucoup aidé. Je m’appuie sur sa connaissance des couleurs pour l’aider à comprendre la mise en paire.
La première boite a passé plutôt bien, mais quand il s’est retrouvé devant les 22 tablettes de 11 couleurs, il ne savait plus par quel bout s’organiser, il formait des groupes de 3, des lignes...
Et petit à petit, il y arrive. Sa mise en paire est très différente de celle des autres enfants, il forme une sorte de tapis, mais on voit bien quand on l’observe au travail que la notion de paire est en train de s’installer chez lui.
Ce qui m’a fait le plus plaisir, c’est que j’ai été en contact avec l’institutrice d’E. et qu’elle m’a dit que depuis qu’il a commencé à travailler en Montessori, elle a vu des progrès dans sa classe.
Alors j’espère que ces progrès vont s’amplifier tout au long de l’année scolaire prochaine et que nous pourront progressivement mener E. à la lecture à l’écriture et au calcul.
On en est encore loin, mais vu comme il a progressé rapidement en vie pratique et en sensoriel, l’espoir est permis!
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