Il y avait atelier avec Sibylle et Dya aujourd’hui. Mais la nouveauté, c’est que Kikabeille était aussi de la partie.
Depuis que nous nous sommes rencontrées, Kikabeille a toujours eu l’occasion de manipuler du matériel quand elle venait chez nous. Après des débuts un peu difficiles qui ont imposé que je délocalise le matériel dans le salon, Kikabeille a eu une période d’intérêt intense pour les activités, notamment de vie pratique. Puis elle a progressivement délaissé le matériel, refusé que je lui présente de nouvelles activités pour s’intéresser avec passion à toutes les activités créatives de la classe (gommettes, collage, découpage, dessin...) et avec un intérêt plus mesuré aux activités culturelles (botanique, géographie, physique...).
A la fin du mois d’août, la maman de Kikabeille avait constaté qu’elle semblait plus réceptive à de nouveaux apprentissages et m’a proposé de l’intégrée à l’atelier du mercredi. Nous avons donc d’abord fait une première séance de rentrée avec juste Sibylle et Dya il y a 15 jours pour qu’elles retrouvent bien leurs marques et aujourd’hui avait lieu la première séance avec 4 enfants (et 3 mamans! autant dire que la place était comptée!).
Kikabeille était venue chez nous quelques jours auparavant pour notre rencontre hebdomadaire et avait manifesté un désir nouveau d’utiliser du matériel qu’elle n’avait plus touché depuis bien longtemps. Elle avait même parlé de faire la Tour Rose alors que, ces derniers mois, il y avait un blocage total autour de cette activité...
En entrant la classe, Kikabeille s’est mise au travail presque tout de suite. Elle a choisi des activités qui l’intéressent mais dont elle pouvait être sûre qu’elles ne la mettraient pas en difficulté: les puzzles de zoologie et de botanique. Quand elle a eu passé en revue tous les puzzles elle est restée un moment à se demander quoi faire en observant les plateaux de vie pratique. Son choix a fini par se porter par un transvasement à la pince, puis à la cuillère. Ce dernier plateau l’ennuyait visiblement, elle commençait à le détourner: je lui ai alors conseillée de le ranger pour prendre autre chose. Elle a choisi les formes à lacer qui semblaient l’intéresser, mais très vite, j’ai senti que l’intérêt n’était pas là non plus... Je lui ai demandé si elle voulait travailler avec moi et elle a accepté tout de suite. Je lui ai présenté les tablettes rugueuses, puis (parce que je savais qu’au fond, elle était très intéressée par les lettres depuis des mois) ses 3 premières lettres rugueuses. L’exercice du tracé a été un peu difficile pour elle (notamment en raison d’un très grande sensibilité tactile qui lui rend le contact avec le papier de verre plutôt désagréable). Elle était bien prête à renoncer, mais nous sommes allées jusqu’au bout et la reconnaissance des lettres a été beaucoup plus facile que leur tracé.
Après ce moment qui était déjà un beau progrès puisque Kikabeille refusait toute proposition d’activité nouvelle ces derniers temps, elle a pris les volumes bleus. Elle ne les avait pas touchés depuis une éternité mais Sibylle les a pris et cela à provoqué son désir de les manipuler. Elle y a passé un assez long moment. Ensuite, elle a demandé si elle pouvait faire la Tour Rose. A l’autre bout de la classe, j’ai senti le sursaut de Mamabeille qui a essayé de faire comme si de rien n’était mais était très curieuse de voir ce qui allait se passer (moi aussi, d’ailleurs).
Après avoir déroulé son tapis, elle me demande ce qu’elle doit faire; elle voudrait que je recommence la présentation, mais je voudrais éviter; au fond, elle sait bien ce qu’il faut faire (elle voit la tour montée correctement à chaque fois qu’elle vient à la maison...) elle veut juste être rassurée. “Tu te rappelles? Tu amènes tous les cubes en désordre sur le tapis.” Ensuite, elle revient à la charge: “Et maintenant?” - “Tu montes la tour.” Elle choisit le plus gros bloc puis pose par dessus le suivant: “Est-ce que c’est comme ça?” -”Tu sais, si tu ne montes pas ta tour dans le bon ordre, je suis sûre que tu vas t’en apercevoir toute seule et tu pourras changer ce qui ne va pas si tu veux.” Et je m’éloigne un peu...
Kikabeille travaille seule à sa tour, prend parfois un bloc un peu trop petit mais s’en aperçoit dès qu’elle cherche à placer le suivant. Elle enlève alors le cube mal placé et continue. Très vite, sa tour est parfaitement montée. “Est-ce que c’est comme ça?” - “Qu’est-ce que tu en penses?” -”Oui, c’est ça... Maman, regarde! J’ai fait la Tour Rose!” Son ton est empreint de fierté et d’étonnement à la fois. Et moi, je suis radieuse. Enfin Kikabeille a surmonté son blocage! D’ailleurs, elle démonte sa tour et la remonte aussi sec avant d’aller la ranger.
Après ce grand moment d’émotion, elle s’adonne à son activité favorite: dessiner une feuille à l’aide du cabinet de botanique, la colorier et la découper. Un peu plus tard, je lui propose de lui présenter l’escalier marron puis elle enchaîne sur les blocs des cylindres. Nous avons été obligées de l’arrêter car il était largement 16h30, les autres avaient fini de travailler et avaient faim et nous sommes descendues goûter.
Pendant tout ce temps, Sibylle et Dya n’étaient pas en reste: escalier marron, lettres rugueuses, boites à sons, boites des tissus, cadre de noeuds, volumes bleus, cabinet de géométrie et puzzle du plansiphère pour Sibylle (sans compter quelques activités de vie pratique et un peu de dessin).
Tour rose, blocs des cylindres (un, puis 2 puis 3 puis 4 à la fois), boite des fuseaux, 3ème boite des couleurs, pair/impair, dictée muette n°3 (8 mots sur les 9!) serpent positif et boite de lecture n°1 (mots phonétiques) pour Dya!
Ouf, quel travail!
Et Clémence? Elle était très contrariée parce que sa soeur s’était endormie sur son lit pour la sieste. Elle a d’abord calligraphié quelques phonèmes, puis pris le cadre des ceintures avant de se lancer dans le versé avec l’entonnoir. Le plateau était trop difficile pour son état de fatigue, elle a donc beaucoup renversé et cela l’a sans doute découragée. Elle s’est donc repliée sur des activités simples: maison aux serrures, puzzle botanique avant de se lancer sans succès dans la mémorisation de l’addition. Ensuite, elle a voulu jouer à la plus fine avec le puzzle de l’Europe en enlevant toutes les pièces. Elle a vite compris qu’elle n’y arriverait pas. J’ai réagi comme on me l’a conseillé en stage: “Tu as sorti les pièces, tu vas les remettre. Tu prendras le temps qu’il faut pour cela.” Cela ne veut pas dire que l’enfant est obligé de ne plus faire que cela jusqu’à ce qu’il ait terminé. Le puzzle est rangé défait et repris régulièrement par l’enfant jusqu’à ce qu’il le complète. Pendant ce temps, les autres n’y ont pas accès et l’enfant ne peut pas prendre un autre puzzle de géographie. Clémence a passé beaucoup de temps à essayer de ranger son puzzle et elle a tout de même réussi à remettre plus d’une dizaine de pièces avant de jeter l’éponge pour aujourd’hui. Cet acharnement à y arriver était plutôt positif et je pense que la leçon est bien comprise: avant d’enlever toutes les pièces d’un puzzle de géographie, elle attendra d’être sûre de bien le connaître...
Après une si belle séance, les filles se sont ruées sur le goûter puis sont sorties profiter du beau temps avant d’improviser un orchestre sur la pelouse. Oui, vraiment, une journée extraordinaire...
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