Pour l’enfant, il est important, dès la naissance de veiller à ce que le milieu dans lequel il vit soit stable: un lieu de vie défini et suffisamment calme, des objets en ordre et qui ne changent pas constamment de place, des horaires à peu près réguliers, un nombre relativement limité de personnes qui s’occupent de lui...
Plus l’enfant grandit et plus il est possible de déroger à cette stabilité sans trop perturber l’enfant. Mais ce besoin de stabilité ne se limite pas aux simples premiers mois. J’ai le souvenir d’un commentaire de ma formatrice à propos du nombre grandissant d’enfants qui ne supportent pas de mettre un bandeau sur les yeux pour faire les activités tactiles. Pour elle, ce fait est à mettre en relation avec le sentiment d’insécurité de l’enfant. “Pensez simplement, ajoutait-elle, qu’à 5 ans, de nombreux enfants ont déjà déménagé 2 ou 3 fois...”
Dans notre quotidien, j’essaye au maximum de préserver cette stabilité, et ce d’autant plus que Clémence a toujours été une petite fille extrêmement sensible.
Mais ces 3 derniers mois, cela n’a pas toujours été simple. D’abord, son papa et moi, nous avons été très inquiets, nous avions besoin de régler notre situation et cela nous rendait moins disponibles pour nos filles. Et puis, les visites de maison ont complètement bouleversé notre emploi du temps pendant plusieurs semaines.
J’ai mis du temps à m’en apercevoir et à faire toutes les connexions, mais petit à petit, le comportement de Clémence s’est mis à changer, à se dégrader. Ce sont des angoisses soudaines face à un film pourtant connu, des cauchemars, des interrogations sur la mort qui reviennent...
Et puis en classe, j’ai vu revenir des comportements que je croyais disparus depuis que nous avions commencé les activités Montessori: une difficulté à choisir ses activités, à se concentrer, à organiser son matériel sur la table, des chiffres et des lettres écrits et lus à l’envers... Une petite fille qui semble fuir le travail pour dessiner ou faire de la pâte à modeler pendant des heures et délaisse la lecture ou les chiffres qui d’ordinaire la passionnent...
Ce soirs, j’ai ouvert les yeux sur la nature de son comportement. J’ai parlé avec elle, pensant qu’au fond elle avait peut-être une tristesse non-dite à quitter cette maison. Ce n’était pas exactement ça, mais elle a réussi à me faire enfin comprendre où était le problème: “Dis, maman, la nouvelle maison, vous n’allez pas la vendre bientôt?”
Mais oui, bien sûr! 3 déménagements en 3 ans! Et en plus, on lui avait dit la dernière fois, qu’on ne déménagerait plus avant un bon moment!
Qui croire? A quoi se raccrocher si même la parole des adultes en qui l’on a confiance n’est pas certaine?
Heureusement, nous avons longuement parlé après cela et elle est montée se coucher l’air beaucoup plus apaisée que ces derniers temps.
Mais telle que je la connais, il va lui falloir encore bien des jours avant que la tempête se calme dans sa petite tête...
Ton témoignage me touche beaucoup. Je me reconnais beaucoup car mon fils à 7 ans et demie et a déjà changé 3 fois de maison et il se peut qu'en septembre notre propriétaire nous demande de partir. Pas toujours simple, mais comme tu dis la discutions est vraiment bénéfique dans ces moments-là.
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