Pages

vendredi 26 novembre 2010

Motifs de perfectionnement


Ce matin, Liv a commencé par choisir ses activités avec les cartes et s’est mise au travail. Elle avait l’air un peu moins inspirée qu’hier et a enchaîné ses activités avec rapidité: versé, un tiroir de géométrie dont toutes les figures ont été bien touchées mais sorties une par une et non pas toutes sorties en désordre à côté du tiroir (travail de discrimination visuelle), 1er plateau de pliage puis Tour Rose.


Quand Liv a pris sa Tour Rose, sa manière de travailler révèlait assez qu’elle a l’impression d’en avoir fait le tour. Elle est allée chercher les cubes et les a alignés directement en ordre comme un escalier. Ensuite, elle a remonté rapidement la Tour sans avoir pris la peine de mélanger les cubes et encore moins de les comparer. Quand on la regarde promener ses doigts sur la Tour ordonnée en escalier, on pourrait penser qu’il est temps de passer à L’Escalier Marron.
Et , de fait, je suis persuadée que, si je lui en faisais la présentation, elle saurait le remonter. Mais je ne vais pas lui présenter trop vite, car Liv n’a pas encore retiré tout ce qu’elle pouvait de la Tour et je crains qu’une présentation prématurée de l’Escalier ne la détourne de la Tour. Liv est encore jeune, nous avons le temps.
Quand on l’observe faire sa Tour, on voit qu’elle va tout de suite à l’objectif: remonter la Tour. Et plus vite l’objectif est atteint, mieux c’est pour elle. Ainsi, elle ne mélange pas ses cubes. Il est aussi probable que, pour elle, mettre du temps à reconstruire la Tour soit considéré comme un échec.
Cette volonté la détourne également d’un grand travail fondamental de ce matériel: la comparaison des cubes. Lors de notre présentation, nous induisons ce travail. Il est assez rare que les enfants reprennent systématiquement la comparaison que nous avons faite, mais, presque toujours, il arrive un moment où l’enfant passe du temps, non pas à remonter la Tour, mais à observer et comparer les cubes.


Quand un enfant a déjà plusieurs fois travaillé un matériel et semble ne plus avancer dessus, alors qu’il ne l’a pas épuisé, il est temps de lui fournir des motifs de perfectionnement ou des prolongements. 
Dans la vidéo qui va suivre, on peut observer que Liv choque assez violemment ses cubes contre le sol. Lorsqu’un enfant manipule bruyamment le matériel, nous n’intervenons pas immédiatement, surtout si l’enfant est concentré et que le bruit provient d’un geste encore hésitant. Quand il s’est familiarisé avec le matériel, si le bruit persiste, nous pouvons intervenir. Cela va constituer un motif de perfectionnement.
Je me suis approchée de Liv. Je lui ai dit que «ma petite oreille» avait entendu beaucoup de bruit quand elle avait défait sa tour. Je lui ai montré les éraflures sur les cubes en lui demandant si elle trouvait cela joli puis je lui ai montré comment je posais les cubes sur le tapis en lui demandant de bien écouter puis d’essayer à son tour.
Après cela, j’ai proposé à Liv un prolongement sur lequel nous avions déjà travaillé: les cartes sur lesquelles poser les cubes de même taille. Ce prolongement a été l’occasion de mettre en pratique le perfectionnement montré. Dans la vidéo, on m’entend rappeler à Liv «ma petite oreille» et elle re-manipule immédiatement son cube pour le poser avec douceur.
Ensuite, j’ai montré à Liv un autre prolongement/motif de perfectionnement: comment monter la Tour en calant tous les cubes dans un angle. L’exercice suppose une plus grande minutie dans le placement des cubes et permet d’observer que l’écart entre les cubes est de la taille d’une arrête du plus petit cube (autre occasion de travailler avec minutie).
Les prolongements et motifs de perfectionnement permettent ainsi de relancer l’intérêt de l’enfant pour une activité et lui permettent de la reprendre encore pour aller y trouver ce qu’ils n’ont pas encore trouvé.
Sur la vidéo, on voit aussi Pauline qui quitte momentanément son activité pour observer le travail de Liv avant de retourner à son travail. C’est ainsi que, dans la classe, les enfants se nourrissent du travail des autres en s’en inspirent pour leur propre travail.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire