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lundi 13 décembre 2010

Sainte Lucie


J’ai profité du fait que nous soyons aujourd’hui le jour de la Sainte Lucie pour mettre en place une activité collective de Vie Pratique: allumer et éteindre une bougie.
D’abord, j’ai parlé de la fête de Sainte Lucie. Il ne s’agissait pas de faire une référence religieuse. Notre école sera laïque. Mais cela ne nous interdit pas de faire référence à des traditions culturelles et nous laissons aussi à l’enfant la possibilité de nourrir son sens spirituel notamment en en prenant le temps d’observer la beauté de la nature et de la vie. Il s’agissait donc uniquement de rappeler que, il y a très longtemps, le jour de la Sainte Lucie était aussi le 1er jour de l’hiver (avant la réforme du calendrier julien qui a notamment supprimé 10 jours pour retrouver le rythme des saisons), donc le jour le plus court de toute l’année. Et justement, le nom «Lucie» signifie «Lumière». Dans les pays du Nord de l’Europe, où les journées d’automnes sont encore plus courtes que chez nous, on a allumé des bougies le jour de la Sainte Lucie pour se rappeler que même si ce jour était vraiment très court, dès le lendemain, les jours allaient recommencer à grandir un tout petit peu pendant tout l’hiver jusqu’à ce qu’on arrive enfin au printemps. C’est pourquoi un vieux dicton dit: «A la Sainte Luce, les jours croissent d’un saut de puce» (ce qui n’est plus vrai depuis 1582!)

Ce préambule terminé, nous sommes passées à l’activité. Il est important de préciser qu’elle ne doit être réalisée qu’avec des enfants très calmes et en petit nombre (chez moi, il y a eu 5 enfants au maximum). J’ai prévenu les enfants qu’ils devaient être très calmes et respecter exactement mes consignes. J’ai rappelé que le feu brûle et que les cheveux pouvaient facilement s’enflammer et qu’il fallait donc rester loin de la flamme. Par sécurité, j’avais un seau d’eau plein à côté de moi.
J’ai installé les bougies: de grandes bougies sur un bougeoir pour les enfants, une petite bougie (dans un bougeoir en forme de flocon, histoire de garder ma thématique du moment) pour allumer sa bougie, car il n’est pas question ici d’utiliser une allumette.
Après avoir allumé la bougie basse, j’ai montré aux enfants comment allumer leur chandelle en la tenant à 2 mains et bien dégagée devant soi. Puis j’ai montré comment se reculer de la table avant de se retourner pour regagner sa place pour éviter que les chevaux des petites filles passent au dessus d’une flamme.


Les enfants ont été sérieux comme des papes pour faire ce travail. Impressionnés (Eloïse a voulu que je l’accompagne) mais fiers de la confiance qui leur était accordée. Car, c’est là le principal objectif de cet exercice: montrer à l’enfant qu’on lui fait confiance dans une activité qui comporte une petite zone de risque. 
Pour proposer ce travail, il faut être à la fois conscient du risque que l’on prend (et donc se tenir prêt à intervenir rapidement mais sans colère si la consigne n’est pas respectée et qu’un enfant se met en danger) mais aussi ne pas être stressée. Etre sûre que ça va bien se passer (si les enfants ne sont pas surexcités au départ, bien entendus!) et les enfants nous rendent notre confiance en étant très soigneux et en ne prenant pas de risques. Ils sont conscients de ce qu’ils font et le font bien.
Quand toutes les bougies ont été allumées, nous avons fait un temps de silence en admirant la lumière de nos bougies. Puis j’ai montré comment éteindre la bougie avec un éteignoir (pour info, le mien vient de chez Ikéa, il est très bien). L’utilisation de l’éteignoir répond à la maîtrise du geste mais d’abord à l’impératif de sécurité: on n’approche pas son visage de la flamme, on ne risque pas de projeter de la cire chaude, on ne s’énerve pas. Le geste est beau, maîtrisé, sécuritaire.
Là encore, les filles ont été d’un sérieux d’enfants de choeurs!



Cette activité leur a tellement plu qu’elles ont souhaité recommencer en fin de séance. Cette fois-ci, j’ai indiqué dans quel ordre les enfants devaient se lever et quelle bouger allumer et éteindre. Cela s’est encore bien passé, mais, en fin de séance, on sent un peu de fatigue parmi les enfants sur la ligne: ils bougent beaucoup plus qu’auparavant. Il y a même eu un petit «psychodrame» puisque au moment d’éteindre la bougie Eloise s’est levée avant Pauline (là, c’est de ma faute, mon ordre de passage n’était pas logique) et a éteint la bougie de Pauline qui a fondu en larmes.
C’est pourquoi, dans la vidéo qui suit, on voit la même bougie éteinte 2 fois de suite puisque j’ai bien évidemment rallumé la bougie de Pauline qui vient l’éteindre en étouffant un dernier gros sanglot.





Edit de 2016: A l'école nous avons régulièrement proposé des exercices avec une bougie lors du temps de ligne avec le groupe entier (15 à 18 enfants). Cela s'est toujours bien passé et l'exercice leur amenait un grand calme et une grande fierté intérieure. C'est donc un exercice de renforcement de la confiance en soi autant que de concentration.

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