Le contenu de ce blog est le reflet de mon cheminement dans la pratique de la pédagogie Montessori et n'engage que moi.
Il ne saurait se substituer à une formation de qualité.
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jeudi 29 septembre 2016

Pourquoi je ne vous recommande pas "les petits Montessori".

Voilà un moment que Sylvie d'Esclaibes a fait son trou sur le net dans le monde montessorien. D'abord présente sur un simple blog relayant son expérience dans son école, elle s'est faite de plus en plus présente en lançant son organisme de formation, en parrainant de nouvelles écoles et maintenant en écrivant un livre sur son expérience et 4 petits cahiers aux éditions "La librairie des écoles".



Au moment de leur sortie, moult blogueuses ont reçu leurs exemplaires et les critiques ont été quasi unanimes (je n'ai moi-même trouvé qu'un seul blog qui n'adhérait pas vraiment).
N'étant plus directement concernée, j'ai commencé par me désintéresser des dits cahiers puis je me suis dit que si je voulais que le blog 3-6 demeure vivant, parler un peu des nouveautés 3-6 ans pourrait s'avérer utile.

J'ai donc pris le temps de les feuilleter longuement en librairie. C'est vrai que l'objet est joli, un petit format agréable, des illustrations toutes mignonnes, une couverture au toucher très agréable... J'en ai même acheté 2 pour retrouver plus facilement tout ce qui m'est venu à l'esprit en les feuilletant.
Voici donc listées ci-dessous les raisons pour lesquelles je ne vous conseille pas de vous lancer dans cet achat, même si ces cahiers sont effectivement vendus plutôt à prix doux (6,60€)

Mais pourquoi diable des cahiers?

La première objection qui me vient, c'est le concept même de cahier en pédagogie Montessori, et 3-6 ans, en plus. Sylvie d'Esclaibes doit bien savoir que le coeur même de la pédagogie Montessori, c'est la manipulation. Or on ne manipule pas avec un cahier.

D'ailleurs, elle le sait bien puisqu'elle nous dit en introduction: "Ces cahiers ne suffisent pas: les enfants de 3 à 7 ans, à qui ils sont destinés, ont besoin par ailleurs de manipuler, de sentir, d'explorer le monde par eux-mêmes. Le matériel sensoriel conçu par Maria Montessori est un élément essentiel de l'efficacité de sa pédagogie, et la collection Les petits Montessori n'a pas la prétention de s'y substituer."
Bien. Pourquoi vouloir faire ces cahiers, alors? Quel intérêt?  D'autant qu'un peu plus haut, elle nous dit que ces cahiers "servent de point de départ à la découverte des points fondamentaux de la pédagogie de Maria Montessori." Mais pourquoi un cahier comme point de départ?

Autant que possible, il nous faut trouver des supports concrets pour commencer, donc l'image (ce que l'on trouve dans ces cahiers), ne vient qu'en second temps.
Les objets concrets, que l'enfant peut toucher, manipuler, présentent également l'avantage d'offrir des possibilités d'activité quasiment illimitées et de satisfaire le besoin de répétition de l'enfant que ces cahiers n'offrent pas vraiment: le nombre d'exercices est très limité et ne remplace pas la variété que l'on obtient avec des objets et figurines.
Ces cahiers présentent donc des images (jolies), mais aussi beaucoup d'écrit. Pour le cahier "j'écoute les sons" qui reprend le jeu "je devine", l'enfant est constamment mis devant l'image de la lettre qui code le son. C'est vraiment dommage! Dans ce jeu, l'important, c'est de se focaliser sur le son pur sans référence à un symbole écrit. Ça viendra plus tard. Du coup, la différence entre "j'écoute les sons" (qui devrait être purement oral) et "j'associe les lettres aux sons" n'est pas assez nette.

Avoir un cahier, cela suppose d'avoir un crayon. Or, la main de l'enfant n'est pas prête au début du processus. La plupart des cahiers suppose que l'enfant entoure et relie des objets, donc trace des traits obliques. Soit l'enfant fait un effort pour obtenir des beaux traits propres et entraîne sa main pour un exercice contraire à l'écriture, soit on le laisse relier avec des traits très malhabiles, donc un cahier qui ne sera pas joli. Dommage!
Et que dire de l'idée ultra scolaire d'avoir un cahier? Cela me semble aller tellement aux antipodes de cette pédagogie! Quand on dit "cahier", on pense "programme". Un programme décidé à l'avance par l'adulte avec un certain nombre d'exercices pour chaque étape alors que c'est l'enfant qui fabrique lui-même son propre parcours à partir de ce que nous lui montrons et qui va y passer plus ou moins de temps. Bien sûr, dans l'introduction de chaque livre, Sylvie d'Esclaibes parle de liberté et de plaisir de l'enfant et du fait que chaque enfant est différent qu'il faut respecter l'enfant qui se désintéresse d'une activité et prolonger les activités auxquels il se montre sensible. Il n'empêche que le format en cahier risque d'inciter le parent peu habitué à cette pédagogie à pousser son enfant à aller au bout du cahier qu'il aura acheté. Et certains parents séduits par le côté "tout prêt" du cahier risquent d'avoir de la difficulté à prolonger les activités.

Enfin, je suis dubitative sur l'organisation même des cahiers qui mélange à la fois (bonnes) suggestions d'activités, (bons) conseils aux parents, citations de Maria Montessori (un peu aléatoires) et exercices proprement dits, le tout parfois sur une même page.

Voyons maintenant chaque cahier individuellement.

lundi 12 septembre 2016

10 conseils pour bien démarrer Montessori à la maison

En cette période de rentrée, voici un article pour vous aider dans vos ateliers Montessori avec vos enfants, en IEF ou éventuellement en plus d'une scolarisation.
Lors d'un prochain article j'aborderai la mise en place dans une classe, mais, si vous êtes enseignant(e), n'hésitez pas à lire ce billet, il contient des idées que vous pouvez aussi reprendre dans votre classe.

Un souvenir de la pièce Montessori en 2010 avec Clémence et Pauline...

Voici donc 10 éléments importants pour que vos ateliers Montessori se passent bien et que votre (vos) enfant(s) se mette(nt) facilement au travail.
NB: J'ai pris le parti d'écrire au féminin. S'il y a parmi vous des papas lecteurs ou des enseignants, qu'ils veuillent bien me pardonner

1. Croyez en ce que vous proposez

Vous avez décidé de proposer des temps Montesori à votre (vos) enfant(s)? C'est donc que vous avez pris le temps de vous renseigner sur cette pédagogie, sa philosophie, sa progression, ses bénéfices...
Vous avez fait un choix, assumez-le!
Je ne veux pas dire par là qu'il faut foncer tête baissée et que vous n'avez pas le droit de changer d'avis. Mais si vous voulez vraiment tester la pédagogie Montessori, alors allez-y avec conviction.
Rappelez-vous que votre enfant est une éponge. Il absorbe son environnement pour apprendre mais également les émotions.

Si vous êtes incertaines, tendue, anxieuse, si vous n'avez pas l'impression de faire quelque chose de bon pour votre enfant, comment voulez-vous qu'il se sente suffisamment sécure pour être réceptif à votre proposition?

2. Délimitez l'atelier dans l'espace et dans le temps

L'espace Montesori obéit à des critères précis et son utilisation également. Les règles n'y sont pas exactement les mêmes qu'avec les jeux et jouets. Autant il est parfaitement légitime d'utiliser ensemble dînette et poupée ou de s'inventer des mondes avec des éléments de jeu, autant il ne sera pas possible de mélanger 2 plateaux de vie pratique ou de construire des châteaux avec les tablettes de couleurs.

Vous aiderez donc grandement votre enfant en séparant l'espace de jeu de l'espace Montessori.
Autant que faire se peut, un espace hors de la chambre est préférable. Il sera d'autant plus facile de distinguer temps de jeu et temps Montessori.

De même, balisez verbalement le temps d'atelier. "Maintenant, c'est le temps des activités (Montessori)". Et à partir de ce moment, votre enfant est libre de faire tout ce que peut faire un enfant dans une classe Montessori, mais il reste dans cet espace. Ce n'est plus le moment d'aller jouer dans sa chambre. C'est comme au moment du repas.
Intervenez gentiment mais fermement (rappelez-vous le conseil n°1) si votre enfant quitte l'atelier en plein milieu et rappelez-lui qu'il pourra retourner jouer à la fin de l'atelier.

En faisant le choix de la pédagogie Montessori, vous avez fait le choix de mettre votre enfant en contact avec un environnement "préparé", c'est-à-dire un ensemble d'activités destinées à favoriser son autonomie, sa concentration, sa curiosité, sa construction intellectuelle. Ces activités s'utilisent dans un cadre avec des règles peu nombreuses mais précises. C'est une pédagogie différente de l'apprentissage par le jeu libre et vous n'obtiendrez pas les résultats attendus si vous mettez le matériel dans une ambiance de jeu libre.

Ce qui fait la spécificité de Montessori, c'est la philosophie et l'ambiance qui en découle, pas le matériel qui est secondaire.

3. Soyez disponible lors du temps d'atelier.

Lorsque vous êtes en atelier avec votre enfant, oubliez toutes vos autres préoccupation. Vous êtes là pour votre enfant et il doit le ressentir. Laissez vos soucis et projets à la porte!

L'enfant a besoin d'une présence enveloppante: de loin, il sent que vous veillez sur lui. Il doit pouvoir ressentir votre confiance en lui, pouvoir compter sur votre aide et votre encouragement discret.
Il doit aussi pouvoir échanger avec vous ses impressions après une période de grand travail.
L'adulte sécurise par sa présence vigilante, encourage par son regard et sa parole bienveillante et permet la maturation de la confiance en soi par une écoute attentive.

4. Sachez vous faire discrète.

Dans une clase Montessori, l'éducatrice et son assistante s'occupent de 20 à 35 enfants. Leur attention se porte alternativement sur chacun. En IEF, nous n'avons que 1, 2 ou 3 enfants, rarement plus.
Si nous n'y prenons pas garde, le risque, c'est que notre observation pèse trop lourd sur les épaules de l'enfant. Il peut alors adopter l'un ou l'autre de ces comportements:
Soit l'enfant devient dépendant de notre regard et sollicite constamment notre attention. Il ne veut rien faire que sous notre regard et quémande notre appréciation.
Soit au contraire, pour se protéger de notre regard, il peut choisir de ne plus rien faire.

Il faut donc trouver la juste place: apporter la présence enveloppante et préserver l'intimité de l'enfant.
Il ne doit à aucun moment se sentir ni "sous les feux de la rampe" (et donner son activité en spectacle à l'adulte en vue d'appréciations positives) ni "sur le gril" (se sentant épié en permanence et redoutant notre regard).
A nous de trouver comment nous faire discrète. Restons disponible mais ayons notre propre occupation qui nous évite d'avoir les yeux rivés sur notre enfant.
Essayez un instant de vous imaginer, vous, au travail,  avec un supérieur qui vous dise: "Allez-y, faites ce que vous avez à faire, je vous regarde." Dans quel état d'esprit seriez vous?

S'occuper de l'ambiance, prendre des notes, préparer un matériel (attention, c'est à double tranchant, votre enfant peut tout lâcher pour venir vous voir!), s'entraîner à manipuler un matériel... Avec un peu d'imagination, on finit par trouver sa juste place, surtout dès qu'on a plus d'un seul enfant dans l'atelier.

5. Soyez régulière

L'ordre est un besoin essentiel de l'enfant dès la naissance (voir les périodes sensibles de Maria Montessori). Il construit leur rapport au temps, leur logique, leur persévérance, et, au bout du compte, leur intelligence.
A partir du moment où vous vous êtes décidée  faire des ateliers, allez-y chaque jour à une heure régulière. Votre infant va intérioriser le temps de l'atelier. Peu à peu, il sait ce qui se passe avant et ce qui se passe après. Cela le sécurise. Cela participe de la "normalisation", cet affreux mot qui indique que l'enfant agit spontanément en suivant son guide intérieur et se met au travail dans la joie.

Si vous ne faites pas d'atelier pour une raison particulière, expliquez-le à l'enfant. Mais, dans la mesure du possible, évitez de placer des rendez-vous sur le temps habituel de l'atelier, sinon l'enfant ne s'y retrouvera pas.

6. Passez suffisamment de temps dans l'atelier.

Au début, vous planifierez quelques séances plus courtes. Il faut du temps pour que l'enfant ait suffisamment d'activités à sa disposition. Ensuite, essayez de passer 2 à 3 heures dans l'atelier.

J'entends et je lis souvent "Ah, mais le mien (plus rarement "la mienne"!), au bout d'une heure, il tourne en rond, il faut arrêter."
En fait, au bout d'une heure, se déclenche le phénomène de la "fausse fatigue". Maria Montesori en parle longuement dans le tome 2 de La Pédagogie Scientifique lorsqu'elle décrit le rythme de l'enfant.
Si on prend le temps de laisser l'enfant trouver sa prochaine activité, alors, il va se lancer dans un "grand travail". C'est une activité plus difficile que celles qu'il a faites auparavant et qui correspond exactement à son besoin. Elle va capter son attention et le laisser calme et enthousiaste quand il aura fini. C'est là qu'il aura besoin de votre oreille attentive pour vous confier son enthousiasme.

Si on interrompt l'atelier au moment de la fausse fatigue, on empêche le grand travail d'arriver.
Donc proposer un temps ininterrompu d'au moins 2h, c'est un service qu'on rend à l'enfant. C'est ainsi qu'il va apprendre à se concentrer davantage et progresser. Il faut juste gérer le temps de la fausse fatigue: être présent pour l'enfant, ne pas le juger, tolérer un peu d'agitation, lui laisser le temps de trouver une nouvelle activité sans trop intervenir.

7. Donnez à votre enfant les clefs pour accéder à l'autonomie.

Aidez votre enfant en lui donnant le mode d'emploi de l'atelier. Si vous dites à un enfant qui débute: "Ici, c'est pour toi, tu peux travailler comme tu veux, c'est toi qui décides ce que tu fais.", il y a de fortes chances que ce soit trop difficile à gérer pour lui. "Donner la liberté à celui qui n'est pas prêt est une erreur." écrit Maria Montessori dans l'Esprit Absorbant.

Au contraire, dès les 1ères séances, expliquez à votre enfant comment ça va se passer. Cela lui évitera la sensation paralysante d'une trop grande liberté quand on n'est pas encore maître de soi.
La première fois, faites 3 ou 4 présentations, puis dites à l'enfant: "Maintenant, je te laisse reprendre le travail que tu veux." En fonction de sa fatigue, de sa motivation, il reprendra une présentation, ou plusieurs, voire toutes. Lors de cette première séance, montrez-lui aussi les activités qu'il peut prendre sans présentation particulière: puzzle, kappa, pâte à modeler, perles...

Le lendemain dites à l'enfant: "Tu te souviens des activités que je t'ai montrées hier? Tu vas commencer par t'entraîner en les reprenant. Ensuite, je t'en montrerai de nouvelles." Et laissez l'enfant reprendre plusieurs activités avant de vous lancer dans une nouvelle présentation. Ainsi l'enfant intériorise qu'il doit choisir une activité en arrivant dans l'ambiance.

8. Aidez sans relâche l'enfant qui ne trouve pas de travail

Maria Montessori nous explique que la clef qui permet à l'enfant de reprendre les rênes de son propre apprentissage (la normalisation), c'est le travail, l'activité constructive et concentrée.
Proposez inlassablement du travail à l'enfant qui n'en trouve pas spontanément. Sachez identifier le moment où l'enfant ne fait rien parce qu'il se repose après un travail ou observe celui d'un autre, et celui où l'enfant tourne en rond, n'arrive pas à choisir.

L'éducateur, nous dit Maria Montessori, est le trait d'union entre l'enfant et le matériel. Nous sommes dans ce rôle lorsque nous le lui présentons mais aussi lorsque nous l'amenons à l'activité.
Il n'y a pas de recette miracle mais des comportements qui aident: adopter un ton bienveillant, confiant et sûr de soi, aller l'étagère avec l'enfant pour qu'il ait le matériel sous les yeux, bannir la question "Est-ce que tu veux faire ça?", la remplacer par "Quelle activité choisis-tu?".

Si l'enfant a trop de mal, proposez-lui un choix entre 2 activités dont vous pensez qu'elles répondent bien à son besoin. Amenez-le devant ces activités et demandez-lui laquelle il choisit en les montrant et les nommant.
Si ça ne marche pas, vous pouvez essayer le "Tiens! prends cette activité." Si le ton est vraiment bienveillant et convaincu, ça marche souvent. Et à la suite d'une première activité proposée par l'adulte, l'enfant sait souvent mieux ce qu'il veut faire parce qu'il a été mis en activité. Attention, cependant, l'enfant peut encore dire non, vous ne le forcez pas.

9. Ne faites pas de contrat

Bien que pratiqué par l'une de mes formatrices, c'est plutôt une fausse bonne idée, surtout en 3-6 ans.
Le contrat suppose une attente de l'adulte, c'est un début de pression.
Un contrat est un acte juridique qui implique des parties et prévoit des obligations ainsi que des sanctions en cas de manquement.
Que ferez-vous si l'enfant ne remplit pas son contrat? Voulez-vous le sanctionner? Et s'il n'y a aucune conséquence au fait de ne pas le remplir, alors quelle est sa valeur? Pourquoi en faire un?

Le contrat présente des activités "minimales" que l'enfant doit faire. Du coup, il incite certains enfants à ne faire que cela. Il supprime alors le travail du choix et certains enfants ne savent plus quoi faire en dehors du contrat. Ils perdent l'accès à l'activité spontanée qui est la base de la pédagogie. Certains ne travaillent plus pour eux-mêmes mais pour l'adulte, d'autres vont faire durer leur contrat pour ne pas avoir à faire/choisir d'autres activités ensuite. Ils prennent donc l'habitude de travailler de manière déconcentrée.

Je vous en parle d'autant plus à l'aise que j'ai moi-même utilisé le contrat avec Clémence puis pour certains enfants dans les ateliers et au début de l'école. Mais nous en avons vite vu les limites, même si ce système nous a d'abord paru bon. Par la suite, nous l'avons totalement abandonné. Cela générait un peu plus de travail pour l'assistante pour les aider à trouver une activité (et encore! même avec un contrat, il fallait motiver un certain nombre d'entre eux!), mais ensuite, les enfants devenaient beaucoup plus engagés dans leur activité et la qualité de l'ambiance était bien meilleure.
La seule chose que nous ayons faite, suite à la suppression du contrat, c'est de proposer aux enfants les plus âgés une jolie boîte personnelle (décorée par leurs soins) dans laquelle ils retrouvaient des images de leur activités "de grands" du moment (lecture, écriture, dictée muettes, opérations, mémorisations, tables de Seguin). La boîte était régulièrement mise à jour pour qu'il ne reste que quelques activités et ils étaient incités à aller consulter leur boite pour se rappeler où ils en étaient de leur travail et puiser de l'inspiration.

10. Observez, sans lunettes de perfectionniste!

Si vous mettez déjà en pratique les 9 premiers conseils, vous aurez une bonne base de départ.
Ensuite, n'oubliez pas la patience, la confiance, la bonne humeur.
Observez régulièrement votre enfant, non pas à travers le filtre de vos lectures ou de vos visites sur un blog, mais en toute objectivité. Votre enfant est-il concentré (au moins un peu)? Est-il impliqué dans son activité?
Observez ses petites mains, son regard, sa petite moue, ses mimiques. Un jeune enfant peut être très concentré tout en bougeant beaucoup. Prenez le temps de voir au delà du 1er regard.

L'activité qu'il a prise vous a peut-être déçue, vous la pensiez trop facile, il l'a déjà prise beaucoup de fois et vous espériez qu'il en prenne une autre plus difficile. Mais observez-le bien: l'a-t-il prise parce qu'il la maîtrise et qu'il veut se rassurer ou se montrer qu'il est capable, avant de passer à une autre? Ou alors pour vous faire plaisir? Ou simplement parce qu'elle correspond encore à son besoin, malgré toutes vos attentes?
N'oubliez pas ce que nous dit Maria Montessori: "L'enfant est le guide". Mais pour le suivre, nous devons faire preuve d'humilité, savoir le voir tel qu'il est et non tel que nous le rêvons, l'attendons, l'espérons. Posons-nous et ouvrons nos yeux, avec cœur et sensibilité et surtout beaucoup de confiance. Et n'hésitons pas à modifier notre attitude quand nous voyons qu'elle entrave la progression de notre enfant.

On pourrait ajouter bien des choses pour compléter ces 10 conseils. Prenez le temps de les expérimenter. N'hésitez pas à poser vos questions en commentaires ou à partager votre propre expérience et vos petits trucs.
Et surtout, passez de bons moments en atelier Montesori avec vos enfants!


jeudi 1 septembre 2016

Nouvelle rentrée: inquiétudes et espoirs

En ce jour de rentrée, ou de non-rentrée pour les familles IEF, je mets ici aussi le billet que j'ai publié sur le blog 6-12 ans.
Bonne lecture et bonne (non-)rentrée!

Après de longue semaines passées à désencombrer, ranger, mettre en cartons, déménager, déballer les cartons et ranger encore, me voici enfin la tête hors de l'eau et prête à reprendre la plume de ce blog, mais depuis Lyon, cette fois!

Une nouvelle rentrée nous attend, au bout de ces vacances bien chahutées par notre changement de vie. Pour Clémence, ce sera la 5ème, dans un nouvel établissement (j'ai en tête depuis longtemps déjà de vous faire un petit billet sur son entrée dans l'enseignement classique..) et pour Pauline, encore une année d'IEF avant, sans doute, une entrée en 6ème à la rentrée prochaine.

Cette rentrée, pour nous, parents IEF s'annonce toujours sous la menace d'une liberté restreinte par la loi votée au parlement en juillet. Ce mois de septembre, ce sont les sénateurs qui vont se pencher sur ce texte.
D'ores et déjà, des parents engagées tentent de rencontrer un maximum de sénateurs pour leur expliquer la réalité de l'IEF et la nécessité d'une souplesse dans les contrôles, d'une ouverture d'esprit des inspecteurs. Pour que la liberté d'instruction dans notre pays ne soit pas un vain mot, chacun peut écrire à son sénateur pour l'alerter sur la situation. Le site de l'association Les enfants d'abord propose une lettre claire et bien argumentée que l'on peut reprendre telle quelle.

Mais d'une autre côté, la bonne surprise de cette rentrée, a été d'entendre ce matin sur France Inter Céline Alvarez invitée de la matinale à l'occasion de la sortie de son livre "Les lois naturelles de l'enfant".



Bien sûr, sur un temps aussi court, Céline Alvarez ne pouvait pas tout expliquer, mais le présentateur, visiblement impressionné, lui a laissé le temps de parler et des millions de personnes auront entendu que le système scolaire actuel est inadapté au rythme de l'enfant, qu'il faut faire profondément bouger les manières d'enseigner.
Maria Montessori a initié, il y a plus de 100 ans, une manière de travailler avec les enfants, basée sur sa seule observation scientifique et guidée par la confiance et la bienveillance. Les neurosciences valident actuellement tous ses choix et Céline Alvarez est aujourd'hui une sorte de caisse de résonance entre cette merveilleuse pédagogie "nouvelle" centenaire et la voix des scientifiques comme Stanislas Dehaene.

Le mouvement de révolte sourd contre le carcan de l'éducation nationale s'enfle progressivement. Voici une dizaine d'année que le mouvement à commencer à s'infiltrer, que, clandestinement, des professeurs des écoles tentent d'instiller la pédagogie Montessori au sein de leurs classe.
Il y 5 ans, quand je faisais mes premières conférences sur la pédagogie Montesori, il n'y avait que quelques enseignants dans mon auditoire. Ces dernières années, ils représentaient presque 100%!
Internet et l'expérience de Céline Alvarez leur a permis de se rendre compte qu'ils n'étaient pas seuls, ils ont pu échanger, partager, se soutenir.
Très marginal, ce mouvement de fond encore minoritaire tend à prendre de l'ampleur et c'est tant mieux! Quand j'ai créé l'Ecole Montessori d'Angers, je voulais pouvoir utiliser cette pédagogie telle qu'elle a été prévue, sans contrainte institutionnelle de la part de l'Education Nationale et je ne regrette pas ce choix, même si la loi française fait tout pour rendre la vie des école hors contrat compliquée et que l'argent est un réel problème.

Aujourd'hui, je vois tous ces professeurs des écoles qui veulent faire autrement et se tournent vers la pédagogie Montessori. Certes, il ne leur est souvent pas possible de l'appliquer en totalité, surtout à partir de 6 ans car l'administration ne leur simplifie pas la tâche (programmes, classes d'âges, récréations, normes sécuritaires...) mais je pense qu'il faut soutenir ces collègues et les aider à développer une autre manière d'enseigner.
Développer la connaissance sur le matériel Montessori, oui, mais surtout faire connaître la philosophie. Car c'est elle qui est la clef, plus encore que le matériel, elle qui colle au développement harmonieux de l'enfant, elle qui permet de créer ce terreau fertile, dans lequel l'enfant, graine d'adulte, va développer rameaux et racines de son savoir mais aussi de sa personnalité.

J'ose croire, qu'en cette rentrée 2016, nous sommes aussi à l'aube d'un changement de masse initié par la base (le meilleur des changements). Qu'enfin le mouvement de l'alternative a atteint une masse critique pour être capable de provoquer une bouleversement dans les esprits.
De même qu'il nous faut faire la transition énergétique pour notre propre survie, il nous faut enfin réaliser la transition éducative. Je l'appelle de tous mes vœux depuis fort longtemps (avant même d'avoir quitté l'Education Nationale!) et j'espère plus que jamais pouvoir faire partie de ces passeurs d'expérience pour aider tous les collègues qui sont en recherche, ici, à Lyon, mais aussi dans toute la France grâce au web.

Alors, en ce 1er septembre, je vous souhaite à tous une bonne rentrée, ou non-rentrée pour tous les parents IEF, en espérant que nos inquiétudes pour l'IEF ne seront bientôt qu'un mauvais souvenir et en espérant que les méthodes alternatives, maintenant validées par la science, se répandent de plus en plus!