Lors d'un prochain article j'aborderai la mise en place dans une classe, mais, si vous êtes enseignant(e), n'hésitez pas à lire ce billet, il contient des idées que vous pouvez aussi reprendre dans votre classe.
Un souvenir de la pièce Montessori en 2010 avec Clémence et Pauline... |
Voici donc 10 éléments importants pour que vos ateliers Montessori se passent bien et que votre (vos) enfant(s) se mette(nt) facilement au travail.
NB: J'ai pris le parti d'écrire au féminin. S'il y a parmi vous des papas lecteurs ou des enseignants, qu'ils veuillent bien me pardonner
1. Croyez en ce que vous proposez
Vous avez décidé de proposer des temps Montesori à votre (vos) enfant(s)? C'est donc que vous avez pris le temps de vous renseigner sur cette pédagogie, sa philosophie, sa progression, ses bénéfices...
Vous avez fait un choix, assumez-le!
Je ne veux pas dire par là qu'il faut foncer tête baissée et que vous n'avez pas le droit de changer d'avis. Mais si vous voulez vraiment tester la pédagogie Montessori, alors allez-y avec conviction.
Rappelez-vous que votre enfant est une éponge. Il absorbe son environnement pour apprendre mais également les émotions.
Si vous êtes incertaines, tendue, anxieuse, si vous n'avez pas l'impression de faire quelque chose de bon pour votre enfant, comment voulez-vous qu'il se sente suffisamment sécure pour être réceptif à votre proposition?
2. Délimitez l'atelier dans l'espace et dans le temps
L'espace Montesori obéit à des critères précis et son utilisation également. Les règles n'y sont pas exactement les mêmes qu'avec les jeux et jouets. Autant il est parfaitement légitime d'utiliser ensemble dînette et poupée ou de s'inventer des mondes avec des éléments de jeu, autant il ne sera pas possible de mélanger 2 plateaux de vie pratique ou de construire des châteaux avec les tablettes de couleurs.
Vous aiderez donc grandement votre enfant en séparant l'espace de jeu de l'espace Montessori.
Autant que faire se peut, un espace hors de la chambre est préférable. Il sera d'autant plus facile de distinguer temps de jeu et temps Montessori.
De même, balisez verbalement le temps d'atelier. "Maintenant, c'est le temps des activités (Montessori)". Et à partir de ce moment, votre enfant est libre de faire tout ce que peut faire un enfant dans une classe Montessori, mais il reste dans cet espace. Ce n'est plus le moment d'aller jouer dans sa chambre. C'est comme au moment du repas.
Intervenez gentiment mais fermement (rappelez-vous le conseil n°1) si votre enfant quitte l'atelier en plein milieu et rappelez-lui qu'il pourra retourner jouer à la fin de l'atelier.
En faisant le choix de la pédagogie Montessori, vous avez fait le choix de mettre votre enfant en contact avec un environnement "préparé", c'est-à-dire un ensemble d'activités destinées à favoriser son autonomie, sa concentration, sa curiosité, sa construction intellectuelle. Ces activités s'utilisent dans un cadre avec des règles peu nombreuses mais précises. C'est une pédagogie différente de l'apprentissage par le jeu libre et vous n'obtiendrez pas les résultats attendus si vous mettez le matériel dans une ambiance de jeu libre.
Ce qui fait la spécificité de Montessori, c'est la philosophie et l'ambiance qui en découle, pas le matériel qui est secondaire.
3. Soyez disponible lors du temps d'atelier.
Lorsque vous êtes en atelier avec votre enfant, oubliez toutes vos autres préoccupation. Vous êtes là pour votre enfant et il doit le ressentir. Laissez vos soucis et projets à la porte!
L'enfant a besoin d'une présence enveloppante: de loin, il sent que vous veillez sur lui. Il doit pouvoir ressentir votre confiance en lui, pouvoir compter sur votre aide et votre encouragement discret.
Il doit aussi pouvoir échanger avec vous ses impressions après une période de grand travail.
L'adulte sécurise par sa présence vigilante, encourage par son regard et sa parole bienveillante et permet la maturation de la confiance en soi par une écoute attentive.
4. Sachez vous faire discrète.
Dans une clase Montessori, l'éducatrice et son assistante s'occupent de 20 à 35 enfants. Leur attention se porte alternativement sur chacun. En IEF, nous n'avons que 1, 2 ou 3 enfants, rarement plus.
Si nous n'y prenons pas garde, le risque, c'est que notre observation pèse trop lourd sur les épaules de l'enfant. Il peut alors adopter l'un ou l'autre de ces comportements:
Soit l'enfant devient dépendant de notre regard et sollicite constamment notre attention. Il ne veut rien faire que sous notre regard et quémande notre appréciation.
Soit au contraire, pour se protéger de notre regard, il peut choisir de ne plus rien faire.
Il faut donc trouver la juste place: apporter la présence enveloppante et préserver l'intimité de l'enfant.
Il ne doit à aucun moment se sentir ni "sous les feux de la rampe" (et donner son activité en spectacle à l'adulte en vue d'appréciations positives) ni "sur le gril" (se sentant épié en permanence et redoutant notre regard).
A nous de trouver comment nous faire discrète. Restons disponible mais ayons notre propre occupation qui nous évite d'avoir les yeux rivés sur notre enfant.
Essayez un instant de vous imaginer, vous, au travail, avec un supérieur qui vous dise: "Allez-y, faites ce que vous avez à faire, je vous regarde." Dans quel état d'esprit seriez vous?
S'occuper de l'ambiance, prendre des notes, préparer un matériel (attention, c'est à double tranchant, votre enfant peut tout lâcher pour venir vous voir!), s'entraîner à manipuler un matériel... Avec un peu d'imagination, on finit par trouver sa juste place, surtout dès qu'on a plus d'un seul enfant dans l'atelier.
5. Soyez régulière
L'ordre est un besoin essentiel de l'enfant dès la naissance (voir les périodes sensibles de Maria Montessori). Il construit leur rapport au temps, leur logique, leur persévérance, et, au bout du compte, leur intelligence.
A partir du moment où vous vous êtes décidée faire des ateliers, allez-y chaque jour à une heure régulière. Votre infant va intérioriser le temps de l'atelier. Peu à peu, il sait ce qui se passe avant et ce qui se passe après. Cela le sécurise. Cela participe de la "normalisation", cet affreux mot qui indique que l'enfant agit spontanément en suivant son guide intérieur et se met au travail dans la joie.
Si vous ne faites pas d'atelier pour une raison particulière, expliquez-le à l'enfant. Mais, dans la mesure du possible, évitez de placer des rendez-vous sur le temps habituel de l'atelier, sinon l'enfant ne s'y retrouvera pas.
6. Passez suffisamment de temps dans l'atelier.
Au début, vous planifierez quelques séances plus courtes. Il faut du temps pour que l'enfant ait suffisamment d'activités à sa disposition. Ensuite, essayez de passer 2 à 3 heures dans l'atelier.
J'entends et je lis souvent "Ah, mais le mien (plus rarement "la mienne"!), au bout d'une heure, il tourne en rond, il faut arrêter."
En fait, au bout d'une heure, se déclenche le phénomène de la "fausse fatigue". Maria Montesori en parle longuement dans le tome 2 de La Pédagogie Scientifique lorsqu'elle décrit le rythme de l'enfant.
Si on prend le temps de laisser l'enfant trouver sa prochaine activité, alors, il va se lancer dans un "grand travail". C'est une activité plus difficile que celles qu'il a faites auparavant et qui correspond exactement à son besoin. Elle va capter son attention et le laisser calme et enthousiaste quand il aura fini. C'est là qu'il aura besoin de votre oreille attentive pour vous confier son enthousiasme.
Si on interrompt l'atelier au moment de la fausse fatigue, on empêche le grand travail d'arriver.
Donc proposer un temps ininterrompu d'au moins 2h, c'est un service qu'on rend à l'enfant. C'est ainsi qu'il va apprendre à se concentrer davantage et progresser. Il faut juste gérer le temps de la fausse fatigue: être présent pour l'enfant, ne pas le juger, tolérer un peu d'agitation, lui laisser le temps de trouver une nouvelle activité sans trop intervenir.
7. Donnez à votre enfant les clefs pour accéder à l'autonomie.
Aidez votre enfant en lui donnant le mode d'emploi de l'atelier. Si vous dites à un enfant qui débute: "Ici, c'est pour toi, tu peux travailler comme tu veux, c'est toi qui décides ce que tu fais.", il y a de fortes chances que ce soit trop difficile à gérer pour lui. "Donner la liberté à celui qui n'est pas prêt est une erreur." écrit Maria Montessori dans l'Esprit Absorbant.
Au contraire, dès les 1ères séances, expliquez à votre enfant comment ça va se passer. Cela lui évitera la sensation paralysante d'une trop grande liberté quand on n'est pas encore maître de soi.
La première fois, faites 3 ou 4 présentations, puis dites à l'enfant: "Maintenant, je te laisse reprendre le travail que tu veux." En fonction de sa fatigue, de sa motivation, il reprendra une présentation, ou plusieurs, voire toutes. Lors de cette première séance, montrez-lui aussi les activités qu'il peut prendre sans présentation particulière: puzzle, kappa, pâte à modeler, perles...
Le lendemain dites à l'enfant: "Tu te souviens des activités que je t'ai montrées hier? Tu vas commencer par t'entraîner en les reprenant. Ensuite, je t'en montrerai de nouvelles." Et laissez l'enfant reprendre plusieurs activités avant de vous lancer dans une nouvelle présentation. Ainsi l'enfant intériorise qu'il doit choisir une activité en arrivant dans l'ambiance.
8. Aidez sans relâche l'enfant qui ne trouve pas de travail
Maria Montessori nous explique que la clef qui permet à l'enfant de reprendre les rênes de son propre apprentissage (la normalisation), c'est le travail, l'activité constructive et concentrée.
Proposez inlassablement du travail à l'enfant qui n'en trouve pas spontanément. Sachez identifier le moment où l'enfant ne fait rien parce qu'il se repose après un travail ou observe celui d'un autre, et celui où l'enfant tourne en rond, n'arrive pas à choisir.
L'éducateur, nous dit Maria Montessori, est le trait d'union entre l'enfant et le matériel. Nous sommes dans ce rôle lorsque nous le lui présentons mais aussi lorsque nous l'amenons à l'activité.
Il n'y a pas de recette miracle mais des comportements qui aident: adopter un ton bienveillant, confiant et sûr de soi, aller l'étagère avec l'enfant pour qu'il ait le matériel sous les yeux, bannir la question "Est-ce que tu veux faire ça?", la remplacer par "Quelle activité choisis-tu?".
Si l'enfant a trop de mal, proposez-lui un choix entre 2 activités dont vous pensez qu'elles répondent bien à son besoin. Amenez-le devant ces activités et demandez-lui laquelle il choisit en les montrant et les nommant.
Si ça ne marche pas, vous pouvez essayer le "Tiens! prends cette activité." Si le ton est vraiment bienveillant et convaincu, ça marche souvent. Et à la suite d'une première activité proposée par l'adulte, l'enfant sait souvent mieux ce qu'il veut faire parce qu'il a été mis en activité. Attention, cependant, l'enfant peut encore dire non, vous ne le forcez pas.
9. Ne faites pas de contrat
Bien que pratiqué par l'une de mes formatrices, c'est plutôt une fausse bonne idée, surtout en 3-6 ans.
Le contrat suppose une attente de l'adulte, c'est un début de pression.
Un contrat est un acte juridique qui implique des parties et prévoit des obligations ainsi que des sanctions en cas de manquement.
Que ferez-vous si l'enfant ne remplit pas son contrat? Voulez-vous le sanctionner? Et s'il n'y a aucune conséquence au fait de ne pas le remplir, alors quelle est sa valeur? Pourquoi en faire un?
Le contrat présente des activités "minimales" que l'enfant doit faire. Du coup, il incite certains enfants à ne faire que cela. Il supprime alors le travail du choix et certains enfants ne savent plus quoi faire en dehors du contrat. Ils perdent l'accès à l'activité spontanée qui est la base de la pédagogie. Certains ne travaillent plus pour eux-mêmes mais pour l'adulte, d'autres vont faire durer leur contrat pour ne pas avoir à faire/choisir d'autres activités ensuite. Ils prennent donc l'habitude de travailler de manière déconcentrée.
Je vous en parle d'autant plus à l'aise que j'ai moi-même utilisé le contrat avec Clémence puis pour certains enfants dans les ateliers et au début de l'école. Mais nous en avons vite vu les limites, même si ce système nous a d'abord paru bon. Par la suite, nous l'avons totalement abandonné. Cela générait un peu plus de travail pour l'assistante pour les aider à trouver une activité (et encore! même avec un contrat, il fallait motiver un certain nombre d'entre eux!), mais ensuite, les enfants devenaient beaucoup plus engagés dans leur activité et la qualité de l'ambiance était bien meilleure.
La seule chose que nous ayons faite, suite à la suppression du contrat, c'est de proposer aux enfants les plus âgés une jolie boîte personnelle (décorée par leurs soins) dans laquelle ils retrouvaient des images de leur activités "de grands" du moment (lecture, écriture, dictée muettes, opérations, mémorisations, tables de Seguin). La boîte était régulièrement mise à jour pour qu'il ne reste que quelques activités et ils étaient incités à aller consulter leur boite pour se rappeler où ils en étaient de leur travail et puiser de l'inspiration.
10. Observez, sans lunettes de perfectionniste!
Si vous mettez déjà en pratique les 9 premiers conseils, vous aurez une bonne base de départ.
Ensuite, n'oubliez pas la patience, la confiance, la bonne humeur.
Observez régulièrement votre enfant, non pas à travers le filtre de vos lectures ou de vos visites sur un blog, mais en toute objectivité. Votre enfant est-il concentré (au moins un peu)? Est-il impliqué dans son activité?
Observez ses petites mains, son regard, sa petite moue, ses mimiques. Un jeune enfant peut être très concentré tout en bougeant beaucoup. Prenez le temps de voir au delà du 1er regard.
L'activité qu'il a prise vous a peut-être déçue, vous la pensiez trop facile, il l'a déjà prise beaucoup de fois et vous espériez qu'il en prenne une autre plus difficile. Mais observez-le bien: l'a-t-il prise parce qu'il la maîtrise et qu'il veut se rassurer ou se montrer qu'il est capable, avant de passer à une autre? Ou alors pour vous faire plaisir? Ou simplement parce qu'elle correspond encore à son besoin, malgré toutes vos attentes?
N'oubliez pas ce que nous dit Maria Montessori: "L'enfant est le guide". Mais pour le suivre, nous devons faire preuve d'humilité, savoir le voir tel qu'il est et non tel que nous le rêvons, l'attendons, l'espérons. Posons-nous et ouvrons nos yeux, avec cœur et sensibilité et surtout beaucoup de confiance. Et n'hésitons pas à modifier notre attitude quand nous voyons qu'elle entrave la progression de notre enfant.
On pourrait ajouter bien des choses pour compléter ces 10 conseils. Prenez le temps de les expérimenter. N'hésitez pas à poser vos questions en commentaires ou à partager votre propre expérience et vos petits trucs.
Et surtout, passez de bons moments en atelier Montesori avec vos enfants!
Merci pour cet excellent article qui tombe à pic !
RépondreSupprimerSur les 5 premiers, j'y suis (après avoir longuement hésité sur le 2, j'ai opté pour une "salle de classe" et m'en félicite effectivement tous les jours !!!). Non seulement j'y suis, mais la manière dont se passent nos touts premiers pas d'IEF avec mon aîné (3 ans) vient confirmer l'importance de chacun de ces points.
Le 6 m'interpelle, je ne prévois pour le moment dans nos journées qu'une petite heure (faute de temps, aussi), même si après la sieste il rajoute régulièrement une 2ème séance, à son initiative. Mais point évident de dégager, pour le moment 2h complètes et d'affilée ! Est-ce valable/indispensable dès 3 ans ? Je serais ravie que vous développiez un peu ce point, que j'y réfléchisse plus avant ;-)
Concernant le 7, je réalise que je n'ose pas présenter plusieurs activités un même jour; les premiers jours, il y avait peu d'activités sur les étagères, mais plusieurs car avant même notre "rentrée" il avait été familiarisé avec certaines. Mais peut-être serait-il effectivement judicieux pour moi d'intensifier le rythme...?
Merci en tous cas énormément de partager ainsi votre expérience, bien utile pour une débutante IEF telle que moi !
Oui, en début d'année, c'est important que l'enfant ait suffisamment d'activités à sa disposition. Il y a bien sûr, les activités de vie pratique, pour lesquelles il faut veiller à ne pas présenter trop tôt ce qui est encore trop difficile. Mais l'espace doit aussi contenir des activités à même de capter l'attention de l'enfant et de nourrir son développement: puzzles (zoologie, botanique et même quelques puzzles pas estampillés Montessori, pourquoi pas), coin peinture, grosses perles à enfiler, pâte à modeler, découpage de petites bandes de papier... Au début, on peut laisser des kappas également. Avoir un coin avec quelques livres choisis, qui ont été lus ensemble et que l'enfant peut reprendre tout seul. Proposer régulièrement aussi des carottes à éplucher et/ou à râper, des pommes à couper, des petits pois à écosser etc..
SupprimerBien penser aussi aux plantes, au chiffon à poussière, au matériel pour se laver les mains/nettoyer la table, les chaises et si possible un petit animal ou des choses naturelles à observer/toucher (corbeilles de fruits d'automne, feuilles, plumes, cailloux, corbeilles de légumes, coquillages... qui sont régulièrement changées et avec lesquelles on peut aussi proposer des leçons de vocabulaire)
L'ambiance doit proposer suffisamment d'occasions vivantes de s'exercer. N'oublions pas que ce doit être chaleureux comme une maison. L'enfant doit s'y sentir bien ce qui va l'inciter à y rester et à s'y développer.
Bon cheminement!
Merci pour ce récap'. Pour le moment avec ma grande de 4ans nous n'avons pas encore connu le travail long après la fausse fatigue mais je vais y travailler.
RépondreSupprimerServane
Le grand travail ne dure pas forcément très longtemps et peut porter sur une activités à laquelle nous n'aurions pas pensé. Il peut mettre du temps à arriver; surtout à la maison quand l'enfant est seul. Mais un jour, sans prévenir, on regarde son enfant complètement dans son travail, on sent qu'il est passé à un autre niveau qualitatif: ça y est c'est la grand travail ;-)
SupprimerBonjour
RépondreSupprimerMerci pour ce super article qui répond à beaucoup de mes questions!!
Ma fille a 16 mois et je ne sais pas si ça s'applique déjà? Je me questionne sur l'espace depuis quelques temps justement. J'ai un espace dans sa chambre et un au salon (maleureusement pas d'autre..) où je fais un roulement, mais je mélange jouets et "plateaux montessori", ce serait mieux de séparer les uns des autres? Et par exemple, elle adore faire des versés/transvasements pendant que je cuisine, sur sa tour d'observation, depuis que je lui propose ça je peux cuisiner beaucoup plus facilement, mais je mélange aussi avec des petites tâches pour m'aider.. Est-ce que c'est plus tard qu'il faut transitionner vers des moments "activités montessori" exclusives? Merci pour votre aide
Nathalie
Bonjour,
SupprimerA 16 mois, les choses sont différentes. L'enfant est encore dans l'âge du "faire avec l'adulte". Bien sûr, il commence déjà à vouloir faire certaines petites choses tout seul, mais il aime aussi être dans la co-activité avec l'adulte: l'adulte commence à montrer, l'enfant continue seul, mais avec la présence de l'adulte tout près. Ça le soutient.
A cet âge-là, vous pouvez déjà aménager sa chambre selon des principes montessoriens d'autonomie et d'ordre: les jouets seront accessibles et placés sur des étagères. On évitera les coffres de rangement, le trop grand nombre de jouets et les jeux bruyants et lumineux.
Si vous avez un peu de matériel montessorien pour cet âge, il peut aller dans sa chambre quand il s'agit de boites à formes, d'images, de cadres d'habillages... Mais vous devrez être avec votre enfant pour le rangement: il ne pourra penser seul à ranger.
Je pense que vous avez raison de ne pas laisser les activités de verser dans la chambre qui est un endroit où l'enfant peut passer certains moments sans vous. D'autant qu'à 16 mois, votre fille ne manipule sans doute pas un plateau. C'est sans doute vous qui lui proposez un activité que vous lui sortez.
Pour moi, si l'enfant a baigné dans une culture adéquate, on peut commencer à avoir un environnement de vie pratique puis sensorielle avec un fonctionnement autonome de l'enfant ("aide moi à faire seul") vers 2 ans. Il faut que l'enfant montre qu'il travaille de plus en plus pour lui, sans besoin de la présence de l'adulte près de lui. A ce moment-là, un espace spécifique devient préférable.
Bonjour,
RépondreSupprimerTout d'abord Merci à vous pour cet article très détaillé !
Peut-être pourrez-vous m'aider ou me conseiller : voilà je suis débutante en IEF et j'ai énormément lu avant de me lancer (je me suis entraînée aussi), j'ai installé pour mon fils de 3 ans un espace dédié dans le salon, et j'ai commencé à lui présenter des activités il y a 1 mois (vie pratique essentiellement). Le premier jour il était très attentif et très souriant, je l'ai laissé faire et refaire, en lui disant qu'il pouvait refaire ces activités quand il le souhaitait. Et une fois passé l'enthousiasme des débuts, ... plus rien ! Il refuse maintenant toute activité, il préfère jouer avec ses véhicules (ou me demande de jouer avec lui), cela fait plus d'un mois qu'il ne veut plus rien faire, j'ai essayé de lui présenté de nouvelles activités en me disant que ça éveillerai à nouveau sa curiosité, mais il ne veut même pas regarder ni écouter ! Il veut me prendre des mains et jouer avec tout de suite.
Qu'en pensez-vous, que faudrait-t'il faire pour avancer ? avez-vous une idée ou un conseil ? il vient tout juste d'avoir 3 ans et c'est un petit garçon qui est plutôt "dans l'action" (par exemple il sait faire du vélo "de grand" sans les petites roues depuis bien avant ses 3 ans, il a marché seul à 11 mois, il sait grimper partout, j'ai l'impression que seule l'action le motive...) Merci beaucoup pour votre aide,
Pauline
Bonjour Pauline,
SupprimerIl n'est pas très facile de donner des pistes sans voir précisément votre enfant, votre installation et votre posture avec lui car beaucoup de petits éléments peuvent jouer dans cette situation.
Voici quelques pistes de réflexion:
- Le moment d'activité est-il défini clairement pour votre enfant ("maintenant, on va aller s'entraîner avec les activités dans le salon. Tu pourras reprendre tes voitures après..")?
- Est-ce que votre enfant peut ressentir, dans le ton de votre voix au moment où vous lui faites la proposition d'aller faire les activités, que ça va être un chouette moment pour vous deux, mais que c'est maintenant et pas dans une heure, que vous êtes sure de cela et sure également que ce que vous lui proposez est bon pour lui. Quand nous doutons, beaucoup d'enfants s'engouffrent dans le doute.
- Comment se passe la transition entre le jeu libre et l'atelier Montessori? Est-il entré dans un jeu qui le passionne? A-t-il de la difficulté à passer à autre chose? La question de l'horaire nécessite d'y passer un peu de temps. Pour certains enfants, commencer une période de travail immédiatement après le petit déjeuner et le lavage des dents sera important. S'ils commencent à jouer dans leur chambre, il sera difficile d'aller les solliciter pour l'atelier Montessori. Pour d'autres, l'après-midi sera plus propice...
- Avec un enfant qui est dans le mouvement, on peut proposer des activités de marche sur la ligne et/ou des activités de yoga, des activités où l'on commence par beaucoup bouger une partie du corps avant de l'immobiliser complètement, de courtes séances de leçon de silence ou une autre activité de re-centration telle que marcher avec une clochette sans la faire tinter et la donner à quelqu'un ou la même chose avec une bougie allumée. Ces activités présentent l'avantage de solliciter le corps tout en demander une grande maîtrise, donc de travailler le contrôle inhibiteur, essentiel pour la concentration.
Suite:
Supprimer- Après ce temps d'activités avec vous, avant de commencer les activités individuelles, demandez à votre enfant de fermer les yeux et de choisir sa première activité. Au début, n'oubliez pas que le libre choix n'est pas encore à l'œuvre: l'enfant n'est pas suffisamment connecté à son guide intérieur. C'est à nous de l'aider à se mettre en activité en proposant pour lui. N'hésitez pas, au début, à proposer: "Tu fermes les yeux et tu choisis: est-ce que tu veux commencer par verser les grosses graines ou par le cadre des gros boutons?".
Et bien sûr, dès que vous sentez la volonté de l'enfant à l'œuvre, vous relâchez le guidage. Un jour, l'enfant aura déjà la volonté de commencer sa séance avec une activité en particulier, et là, vous le laissez faire. Mais ça ne sera possible que parce que l'enfant aura eu l'occasion de se mettre en activité. Donc c'est à nous de pallier à sa volonté pas encore prête
- Si après sa première activité, l'enfant n'arrive pas à enchaîner sur une deuxième, faites-lui à nouveau une proposition de choix entre 2 qui vous paraissent pertinentes en fonction de ce que vous avez observé. Réduire la possibilité de choix est parfois nécessaire pour l'enfant avant qu'il accède au réel libre-choix. Evidemment, tout cela se fait dans une très grande bienveillance, sans aucun jugement sur l'enfant et avec un ton qui donne envie à l'enfant de choisir l'une des deux (comme si vous aussi vous aviez très envie d'en prendre une).
- Il peut parfois être utile, quand l'enfant a pris une activité, d'en prendre une vous-même de de la faire en vous y concentrant totalement. A la maison, les enfants n'ont pas l'opportunité de voir d'autres enfants très concentrés sur une activité. Maria Montessori parle de l'effet d'un seul enfant concentré dans la classe qui va aider un autre enfant à s'y mettre lui aussi et ainsi de suite jusqu'à ce que la classe entière soit au travail.
Prendre soi-même le travail et le manipulant à la manière d'une méditation en pleine conscience va nous aider à développer nos capacités de lâcher-prise et constituer un bon exemple pour l'enfant. S'il nous demande pourquoi nous le faisons: "Tu vois, moi aussi je m'entraîne."
- Quand votre enfant vous empêche de faire une nouvelle présentation, dites simplement: "Maintenant, c'est mon tour. Ce sera ton tour juste après." C'est une excellente manière de travailler les fonctions exécutives de votre enfants. S'il reste près de vous et ne regarde plus, continuez. Il vous demandera probablement de vous remontrer ce qu'il n'a pas vu s'il se trouve coincé. S'il se lève et s'en va, rangez l'activité. Ce n'est pas le bon moment.
- Au début n'hésitez pas à arrêter la séance après 4 ou 5 activités faites correctement (= faites en étant relativement posé) et renvoyez un signal positif à votre enfant et éventuellement, questionnez-le sur son ressenti ("J'ai aimé passer ce moment avec toi, c'était agréable." / "Ça fait du bien de passer un moment tranquille à s'entraîner sur les activités" / J'ai vu que tu avais passé beaucoup de temps avec le versé des grosses graines; tu aimes bien ça en ce moment? ...)
Mieux vaut une séance courte au début, mais réussie qu'une séance qui se prolonge et d'où l'on sort, adulte comme enfant, déçus de ce qui s'est passé sur la fin.
- Quand vous aurez fait quelques séances courtes ajoutez quelques matériels plus libres (puzzles, attrimaths, kaplas...) qui permettent à l'enfant de passer plus de temps dans l'ambiance. Pensez également à la peinture.
Voilà déjà quelques idées. N'hésitez pas à revenir ici partager l'évolution de vos séances.
Passez de beaux moments avec votre fils.
Bonjour Marie-Hélène,
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour votre réponse si détaillée et tous ces bons conseils, et surtout merci pour le temps que vous avez passé à me répondre :-)
Effectivement, je pense que vous avez raison et je vais suivre vos idées, par exemple le moment des activités n'est pas clairement défini chez nous, j'aimerai lui faire le matin mais quand il joue et me dit non je n'insiste pas pour ne pas le "braquer" contre le moment Montessori.
Et c'est vrai que du fait qu'il soit seul, il n'a pas l'exemple d'autres enfants qui l'encouragerait à faire pareil. Je me rends bien compte que cela constitue un manque.
Je vais en tous cas suivre vos pistes, et je ne manquerai pas de revenir partager ici notre évolution.
Merci encore, et passez de Joyeuses fêtes de fin d'année !
Pauline
Bonjour Marie-Hélène,
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour votre réponse si détaillée et tous ces bons conseils, et surtout merci pour le temps que vous avez passé à me répondre :-)
Effectivement, je pense que vous avez raison et je vais suivre vos idées, par exemple le moment des activités n'est pas clairement défini chez nous, j'aimerai lui faire le matin mais quand il joue et me dit non je n'insiste pas pour ne pas le "braquer" contre le moment Montessori.
Et c'est vrai que du fait qu'il soit seul, il n'a pas l'exemple d'autres enfants qui l'encouragerait à faire pareil. Je me rends bien compte que cela constitue un manque.
Je vais en tous cas suivre vos pistes, et je ne manquerai pas de revenir partager ici notre évolution.
Merci encore, et passez de Joyeuses fêtes de fin d'année !
Pauline