Le contenu de ce blog est le reflet de mon cheminement dans la pratique de la pédagogie Montessori et n'engage que moi.
Il ne saurait se substituer à une formation de qualité.
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jeudi 22 février 2018

Un double anniversaire!



Aujourd'hui, nous avons fêté les 13 ans de Clémence et cela fait donc exactement 10 ans que j'ai commencé ce blog avec un court billet qui a été depuis suivi de 628 autres en comptant celui-là!



10 ans déjà! Vous avez été nombreuses et nombreux à le suivre dès ses débuts et malgré la disparition d'une partie de son contenu avec le changement de plateforme et l'arrêt des publications suite à l'ouverture de l'école. Même si je ne publie que peu sur ce blog, ce sont tous les jours environ 300 billets qui sont lus, preuve qu'il a encore son intérêt.

Pour moi, c'est un document unique qui me permet de retrouver à la fois la progression des filles mais aussi la mienne. Nous avons d'ailleurs fait ce soir une plongée souvenir avec les filles dans les anciens billets d'il y a 10 ans.

Aujourd'hui, Clémence et Pauline ont bien grandi! Je viens d'ailleurs d'acheter le dernier ouvrage d'Isabelle Filiozat qui, après la lecture des 2 autres ("J'ai tout essayé" et "Il me cherche") apporte une aide précieuse et joyeuse dans l'accompagnement des enfants.



Toutes les deux ont développé leurs personnalités et leurs talents dans des voies qui leur sont propres mais chacune en cultivant la danse.


Quant à moi, après10 ans de cheminement montessorien avec mes filles, avec les enfants des ateliers et ceux de l'école, je suis plus que jamais prête à signer pour encore au moins 10 ans de réflexions montessoriennes à partager.

Et parce qu'il n'y a pas d'anniversaire sans cadeau, je suis en train de vous préparer une surprise pour fêter ça....
A très bientôt pour des nouvelles!

mardi 9 janvier 2018

La préparation de la main à l'écriture par les activités Montessori


J'avais écrit cet article en 2010 dans la partie "bibliothèque" du blog quand il était sur la précédente plateforme. Je n'avais pu récupérer que le texte avant la disparition du blog. A la fin de mon billet sur la méthode Dumont, je vous avait dit que j'allais le remettre en ligne.
Aujourd'hui, je vous propose de relire cet article qui fait le point sur la préparation de la main à l'écriture sans exercice de calligraphie proprement dit et qui reste valable même en utilisant la méthode Dumont dans le cursus montessorien. Bonne lecture.

Le geste d’écrire suppose l’acquisition de plusieurs compétences:
la tenue correcte du crayon
la musculature du poignet et des doigts
le sens de l’écriture
la précision du geste
le «toucher léger»
la connaissance du tracé des lettres

On remarquera que le tracé des lettres est la dernière compétence à acquérir. Elle ne sert à rien si le geste d’écrire n’a pas été préparé. L’originalité de la pédagogie Montessori tient au fait qu’elle ne propose pas d’exercice spécifique de graphisme comme on en voit tant en maternelle classique. La préparation à l’écriture se réalise de manière indirecte au travers des exercices de la vie pratique et de la vie sensorielle.

jeudi 30 novembre 2017

Réel, imaginaire, imagination

Aujourd'hui, un article de fond sur un grand sujet classique en pédagogie: Réel et imaginaire.
C'est LE sujet qui fâche certains stagiaires au cours de la formation, celui qui suscite le plus d'incompréhension, sans doute parce qu'il va à l'encontre de certaines idées qui ont le vent en poupe en éducation et à contre-courant d'un certain consumérisme actuel.
Maria Montessori a une très haute estime de l'imagination et c'est pourquoi je vous propose de démarrer en étudiant le concept d'imagination et son rôle pour comprendre ensuite sa position sur le réel et l'imaginaire en 3-6 ans.



Maria Montessori consacre régulièrement de longs développements sur l'imagination dans ses livres. Un chapitre entier du deuxième tome de Pédagogie Scientifique (PS) est nommé "Imagination". Dans L'esprit Absorbant (EA), un chapitre est nommé "Elaboration ultérieure au moyen de la culture et de l'imagination", dans De l'enfant à l'adolescent (EAA), le chapitre s'intitule "Passage à l'abstraction - rôle de l'imagination ou la sortie, clef de la culture." Et dans le dernier livre publié, L'enfant est l'avenir de l'homme (EAH), la conférence XXIV s'intitule "le développement de l'imagination" et les 3 conférences suivantes traitent aussi de l'imagination.

Rien qu'à la lecture de ces titres de chapitres, on se rend compte que l'imagination a une grande importance et qu'elle entretient un rapport étroit avec l'abstraction et avec la culture.

jeudi 19 octobre 2017

Un livre intéressant pour les enseignants de maternelle



Les éditions ESF ont eu la gentillesse de m'envoyer un exemplaire de "La pédagogie Montessori en maternelle" de Marguerite Morin. Je souhaitais pouvoir lire ce livre pour vous en faire un compte-rendu et évaluer son intérêt.

Un livre différent

Dans la grande jungle des livres ayant trait à Montessori, celui est différent: il s'adresse à un public en particulier, celui des enseignants de maternelle en système classique et il est rédigé par une enseignante qui expérimente elle-même ce dont elle parle. C'est donc un livre très concret et qui aborde des questions très spécifiques aux enseignants de l'Education Nationale.

Les premières pages abordent de manière un peu rapide l'historique de la méthode et les 4 plans de développement ainsi que la validation de la méthode par les résultats de la recherche en neurosciences.



Là où le livre devient vraiment intéressant, c'est dans la 2ème partie: "la préparation". Même si je n'adhère pas à tous les choix de l'auteur, cette partie est vraiment un plus pour un enseignant. Elle rend les choses concrètes sans cacher la difficulté de la mise en place.
La 3ème partie: "La mise en place concrète" permet aux enseignants de mieux se représenter ce que peut être le quotidien montessorien dans une classe. Il s'agit certes d'un quotidien montessorien très adapté qui reste énormément dans les limites de l'Education Nationale, mais ça peut-être une manière rassurante d'introduire progressivement la philosophie montessorienne dans sa classe sans se mettre en danger vis à vis de sa hiérarchie.
Tel qu'il est proposé, le résultat sera forcément différent de ce que peut vivre un enfant dans une école purement montessorienne mais c'est déjà un grand pas par rapport aux pratiques habituelles et c'est mieux que rien.
J'apprécie que Marguerite Morin revienne régulièrement sur le fait que l'on ne change pas le fonctionnement de sa classe si on ne commence pas par se changer soi-même et que ce changement est un processus qui prend du temps.



Cette 3ème partie offre de nombreux petits détails pratiques qui permettront aux enseignants de gagner du temps. Néanmoins sa vision de l'évaluation dans le dernier chapitre de cette partie me semble aller totalement à l'encontre de Montessori. Marguerite Morin propose de valider les acquis en demandant à l'enfant de refaire le matériel devant elle. Pour moi, cette pratique, en plus d'être chronophage, sape totalement le travail sur l'auto-évaluation. L'adulte évalue sans cesse, mais sans en faire part à l'enfant et c'est ainsi que l'enfant peut développer une vision juste de son travail.

Un énorme travail au services des enseignants

Le plus gros du travail de Marguerite Morin ressort dans la 4ème partie dans laquelle elle présente un très grand nombre d'activités montessoriennes dans la terminologie de l'Education Nationale pour les relier aux référentiels des compétences et connaissances du programme.


Elle donne aussi des exemples de programmation annuelle qui peuvent rassurer un inspecteur inquiet et pas très au fait de l'inutilité totale de faire ce genre de chose en pédagogie Montessori.


Quelques exemples de déroulements de séances à la sauce Education Nationale viennent compléter cet énorme travail et pourront aider les collègues qui veulent continuer à transcrire leurs séances de travail montessoriennes dans ces documents proprement indigestes que leur demande leur hiérarchie.
Etant elle-même chargée de formation, l'auteur nous propose des tableaux de programmation exemplaires. Soit-dit en passant, quand on voit ce que l'éducation nationale exige comme travail administratif de la part de ses enseignants, on s'étonne moins des difficultés et du ras le bol des collègues. Le système est entré dans l'ère de la planification, de l'évaluation et de la trace écrite à tout va et c'est tout de même une tendance difficilement compatible avec une vision Montessorienne. Je n'en admire que plus les collègues qui tentent de concilier Montessori avec les exigences de leur service, des programmes et des hiérarchies...

La 5ème et dernière partie est celle qui me paraît la moins utile même si elle attirera peut-être des enseignants. L'auteur y propose en effet un grand nombre de fiches de présentation de matériels et activités. Le point le plus intéressant de ces fiches est de faire un lien entre chaque présentation et des points du programme. Pour le reste, les descriptions des activités sont forcément très courtes et ne peuvent remplacer, à mon avis, une véritable formation. Marguerite Morin est d'ailleurs honnête sur ce point et précise qu'elle a pris le temps de se former et de s'entraîner.
Dans cette partie, ce sont une bonne cinquantaine de fiches de présentation qui sont proposées. Nul doute que pour une personne pas du tout formée, ce genre de document soit très indigeste à lire et à assimiler pour mettre en pratique.




En plus des fiches de présentation, l'auteur propose dans cette partie des tableaux de progression ou d'activités selon l'âge. Là encore, le choix retenu est très conforme aux attentes de l'Education Nationale de même d'ailleurs que dans les choix des présentations retenues puisqu'un grand nombre d'activités du 3-6 ans ne sont pas évoquées, sans doute en raison du fait qu'elles dépassent les programmes.

En conclusion

Bien que ce livre présente  une version un peu trop "rognée" de Montessori à mon goût, j'encourage toutefois les enseignants intéressés par cette pédagogie à le consulter. Ils y trouveront de nombreux détails tirés de l'expérience concrète de Marguerite Morin et il peut s'avérer très rassurant pour tous ceux qui veulent se lancer mais craignent la réaction de leur hiérarchie: le livre leur donnera des pistes pour se lancer tout en étant "couverts" vis à vis de leurs obligations professionnelles.
Bref, un livre utile, à compléter par une solide formation Montessori en parallèle pour être aussi à l'aise devant les enfants que devant l'inspecteur!

lundi 7 août 2017

Formation 3/6 ans sur Angers

Pour répondre à la demande des enseignants de la région angevine, l'association La Ruche pédagogique m'a demandé de mettre en place d'une série de 3 stages dont le premier commencera fin août.
Voici dans cet article une présentation un peu plus détaillée de l'organisation et de l'objectif de ces stages.

Le premier de ces stages aura lieu du 27 au 29 août à Angers.
Il permet de poser les bases de la pédagogie Montessori: comprendre les étapes du développement de l'enfant, connaître les besoins de l'enfant de 3-6 ans, préparer une ambiance qui réponde à ces besoins.
Un temps de réflexion sur le démarrage d'une ambiance montessorienne dans un contexte d'école classique a été prévu. Nous réfléchirons à la fois à partir de cas concrets préparés et de la situation personnelle des stagiaires.



Durant les 2 jours suivants, seront abordés les matériel de vie pratique et le matériel sensoriel ainsi que le travail du langage oral. Je proposerai un exposé sur les objectifs généraux des activités ainsi que la démonstration de la présentation, au moins des principaux matériels.
Les démonstrations seront suivies d'un temps de travail personnel puis en binôme. Ce temps, indispensable, permet à chacun de s'approprier sensoriellement le matériel pour en "goûter" l'intérêt et commencer à se l'approprier avant de le présenter. Il sera l'occasion de poser les questions qui viennent lorsqu'on essaye de reproduire une présentation à l'aide de ses souvenirs et du document d'accompagnement.



Lors du travail en binôme, je vous proposerai de vous exercer à la fois à l'exercice de la rédaction d'une page d'album Montessori et à vous entraîner à faire la présentation à un autre adulte, comme s'il s'agissait d'un enfant. Ces deux exercices sont très importants dans la préparation de l'éducatrice Montessori. Rédiger une page d'album permet une compréhension fine des objectifs du matériel et aide l'adulte à la proposer au bon moment pour l'enfant. S'entraîner à présenter à une autre personne permet de réfléchir au rythme, au ton à adopter, aux mots à utiliser, cela aide à prendre conscience de la nécessité de s'entraîner suffisamment pour être à l'aise avec les gestes à montrer.

Au terme de ces 3 jours de stage, les stagiaires pourront entrer plus sereinement dans leur démarche de changement vers une ambiance plus montessorienne dans leur classe, chacun à leur rythme, en ayant les éléments clés à ne pas perdre de vue. Ils auront suffisamment d'éléments pour pouvoir s'entraîner à préparer correctement le matériel, ils sauront se repérer dans la progression du matériel.
Le choix a été fait de ne pas présenter tout de suite le matériel de langage et de calcul afin de prendre le temps de proposer à tous les enfants d'entrer dans la vie pratique et la vie sensorielle au moins le temps de la première période scolaire et de prendre le temps de poser son ambiance.

Cliquer sur l'image pour accéder au programme détaillé


Le deuxième stage aura lieu du 1er au 3 novembre.
Il permettra de faire un point sur les avancées de chacun et de découvrir la progression et le matériel de Langage et de Calcul. Ce matériel permet aux enfants d'accéder à leur rythme à la lecture et d'acquérir les bons gestes d'écriture d'une part et de découvrir la numération, le système décimal, et les 4 opérations.
Comme lors du premier stage, lors de la matinée, je présenterai les objectifs des matériels ainsi que leur présentation. Pendant l'après-midi, un temps de travail personnel puis en binôme permettra de s'approprier le matériel et de s'entraîner à le présenter.



Le troisième stage, consacré à la Culture, aura lieu lors des vacances de février de la zone B (semaine précise à définir prochainement).
Encore en préparation, il durera 3 à 4 jours et sera accessible à toutes les personnes déjà formées à la vie pratique, sensorielle, langage et calcul.
Il permettra d'aborder les nombreuses activités de découverte de la Culture proposées spécifiquement aux 3-6 ans: La Géographie, les Sciences physiques, la Zoologie, la Botanique, La Notion du temps (préparation à l'étude de l'Histoire) mais aussi la Musique et les Arts plastiques.



L'association la Ruche Pédagogique a pour objet de diffuser les pédagogies actives et particulièrement la pédagogie Montessori. Elle cherche à en rendre l'accès possible pour le plus grand nombre, c'est pourquoi nous travaillons avec des tarifs de 60€ par jour pour les stagiaires. A l'issue du stage, les enseignants peuvent continuer à échanger sur leur pratique et à approfondir leurs connaissances en participants aux cafés pédagogiques mensuels de l'association.
Malgré notre volonté d'ouvrir au plus grand nombre, le nombre de places est limité afin de garantir de bonnes conditions de formation à chacun. Aussi, si cette série de stages vous intéresse je vous invite à contacter le plus rapidement possible l'association pour vous inscrire.

vendredi 2 juin 2017

"Une journée Montessori" d'Audrey Zucchi, un ovni sympathique



Voilà un petit moment que j'ai acheté ce livre, au hasard de l'un de mes passages dans une librairie.
Au départ, le sous-titre "Organisez votre quotidien pour révéler les super pouvoirs de vos enfants" m'a un peu fait tiquer. "Encore un livre qui surfe sur la vague Montessori!", me suis-je d'abord dit...
Mais j'ai ouvert le livre et j'ai commencé à le parcourir. Et finalement, j'ai décidé de l'acheter pour le lire complètement et vous en faire un compte-rendu honnête.

jeudi 18 mai 2017

Les interactions des enfants en classe 3-6 ans


La classe Montessori 3-6: un monde souvent mal compris


Un certain nombre de personnes mal renseignées dénigrent la pédagogie au motif qu'elles favoriseraient l'individualisme à outrance. Le 12 octobre dernier, dans un article du site "Le café pédagogique", on pouvait lire une série de réactions négatives de professeurs des écoles au livre de Céline Alvarez dont la quasi-totalité pointait le collectif.
Sans doute parce que Céline Alvarez a été aidée par une fondation dotée par de grandes entreprises, et donc classée à droite, on sent dans ces réactions des thèmes surtout connotés à gauche autour du rôle social de l'école.
On peut ainsi lire: ""Il y a quelque chose d'inquiétant dans le temps passé par les élèves en enseignement individuel (...) A l'école on apprend à participer, à dédramatiser, à se réjouir de la réussite de l'autre, à vivre ensemble. Une telle répartition du temps c'est aller vers l'individualisme."
et plus loin: " sa méthode pose beaucoup de questions sur le collectif, la contextualisation des apprentissages " ou encore "Pour faire vivre les enfants en société c'est tout un travail. C'est par l'école que se construit la société. Or chez C.  Alvarez, c'est sacrifié à la performance individuelle. Je m'interroge beaucoup sur la transmission des valeurs. "

une attention commune vers un même but

Il suffit de regarder les nombreuses vidéos de classe du site de Céline Alvarez ou le très beau film "Le Maître est l'enfant" sans compter pléthores d'autres vidéos sur le net pour comprendre que les interactions entre les enfants ne se limitent pas aux temps de regroupement en début et/ou fin de demi-journée avec l'éducatrice et que la société n'est en rien sacrifiée à la performance individuelle.
Que ces dames du café pédagogique se rassurent c'est même une socialisation bien plus riche qu'à l'école traditionnelle qui se construit.

Une véritable communauté...


Comme je le rappelle dans mon dernier article sur le blog 6-12 ans, l'enfant entre 3 et 6 ans est dans la période que Maria Montessori appelle "l'embryon social". La classe est donc pensée pour que le petit enfant développe ses capacités sociales. C'est même un véritable laboratoire dans lequel l'enfant va pouvoir faire ses expériences à son rythme, recevoir les informations nécessaires pour  progresser et expérimenter les résultats de son comportement. La classe se transforme alors en une véritable "communauté enfantine", signe des interactions nombreuses et fécondes qui se jouent dans la classe.

Voyons donc dans cet article de quelle nature sont ces interactions, leurs bénéfices, les moyens de les développer et de contrôler qu'elles vont bien dans l'intérêt de l'enfant.

La classe comme lieu d'apprentissage et de mise en pratique des règles du vivre ensemble.


jeudi 9 mars 2017

Les dictées muettes



Aujourd'hui, je vous propose un article de synthèse sur les dictée muettes: leur histoire, leur utilisation, leur progression

I Un peu d'Histoire...

Les dictées muettes sont un matériel créé par Hélène Lubienska de Lenval.
Cette jeune femme d'origine polonaise commença à se former à la pédagogie Montessori en 1929 et devint très vite une collaboratrice de Maria Montessori chargé notamment du développement de la pédagogie pour l'apprentissage en français.
Les 2 femmes travaillèrent en étroite collaboration jusqu'en 1934 mais des questions financières lors du Congrès de Nice et une intervention maladroite du mari d'Hélène à propos du matériel de mathématiques mit brusquement fin à leurs relations.

En faisant des recherches, je ne suis pas arrivée à retrouver de quand exactement datent les dictées muettes. Alors que beaucoup de sites mentionnent une date d'édition de 1962, on trouve sur le site la BNF la mention d'une édition de 1947. Le système des dictées muettes remonte donc à une époque ancienne.

Actuellement les dictées sont parfois un matériel boudé, voire rejeté, notamment sous l'influence de l'AMI. Il serait pourtant dommage d'ignorer cet outil qui a été conçu spécifiquement pour la langue française.
Le matériel des boites rose, bleues et vertes qui le remplace au sein de l'AMI reprend partie de son travail mais d'une manière différente.

Prenons le temps de voir comment ce matériel est présenté par son auteure elle-même.

J'ai eu la chance, il y a quelques années, de pouvoir accéder à la 1ère partie de ces dictées muettes sur Gallica , préfacée par Hélène Lubienska elle-même avec une seconde préface de Mlle Giordan. Le document ne semble plus accessible, mais je l'avais sauvegardé.



Hélène Lubienska de Lenval y décrit la méthode d'apprentissage de la lecture: les lettres muettes, puis la composition de mots en utilisant les dictées, enfin la lecture.
Elle explique comment elle a choisi les mots pour composer une suite graduée dans la difficulté:
"Il lui suffit de connaître sept lettres pour composer les neuf mots représentés par les images de la première série et plusieurs autres, tels or, sol, soc. Par la suite, chaque fois que je lui donne une nouvelle série d'images, il a une seule difficulté à remarquer et à retenir pour composer sans faute. Sa tâche étant bien définie, il travaille avec calme et assurance (les limites sont un appui pour son esprit)."
L'avantage de ce matériel est donc de posséder une progression extrêmement réfléchie, à la fois en terme de difficulté de décomposition mais également d'orthographe, puisque c'est une donnée que Maria Montessori ne pouvait intégrer (Les Italiens ont la chance d'avoir une langue phonétique!)
Je vous parlerai dans la suite de cet article de cette progression.

dimanche 15 janvier 2017

Cartes d'activités


Choisir une activité n'est pas toujours aisé

Une lectrice du blog m'a récemment contactée pour savoir si je pouvais partager les cartes d'activités que j'avais utilisées avec Clémence d'abord puis ponctuellement avec certains enfants de l'atelier en 2010-2011.
Quand j'ai commencé à créer ces cartes, c'était dans le cadre d'un contrat, préconisé alors par l'un de mes formatrices. Comme je vous l'indiquais dans mon billet, "10 conseils pour bien démarrer Montessori à la maison", nous avons bien vite vu les limites et les inconvénients graves de cette manière de procéder.

Néanmoins, avoir un système de cartes peut parfois s'avérer utile, surtout à la maison.

jeudi 29 septembre 2016

Pourquoi je ne vous recommande pas "les petits Montessori".

Voilà un moment que Sylvie d'Esclaibes a fait son trou sur le net dans le monde montessorien. D'abord présente sur un simple blog relayant son expérience dans son école, elle s'est faite de plus en plus présente en lançant son organisme de formation, en parrainant de nouvelles écoles et maintenant en écrivant un livre sur son expérience et 4 petits cahiers aux éditions "La librairie des écoles".



Au moment de leur sortie, moult blogueuses ont reçu leurs exemplaires et les critiques ont été quasi unanimes (je n'ai moi-même trouvé qu'un seul blog qui n'adhérait pas vraiment).
N'étant plus directement concernée, j'ai commencé par me désintéresser des dits cahiers puis je me suis dit que si je voulais que le blog 3-6 demeure vivant, parler un peu des nouveautés 3-6 ans pourrait s'avérer utile.

J'ai donc pris le temps de les feuilleter longuement en librairie. C'est vrai que l'objet est joli, un petit format agréable, des illustrations toutes mignonnes, une couverture au toucher très agréable... J'en ai même acheté 2 pour retrouver plus facilement tout ce qui m'est venu à l'esprit en les feuilletant.
Voici donc listées ci-dessous les raisons pour lesquelles je ne vous conseille pas de vous lancer dans cet achat, même si ces cahiers sont effectivement vendus plutôt à prix doux (6,60€)

Mais pourquoi diable des cahiers?

La première objection qui me vient, c'est le concept même de cahier en pédagogie Montessori, et 3-6 ans, en plus. Sylvie d'Esclaibes doit bien savoir que le coeur même de la pédagogie Montessori, c'est la manipulation. Or on ne manipule pas avec un cahier.

D'ailleurs, elle le sait bien puisqu'elle nous dit en introduction: "Ces cahiers ne suffisent pas: les enfants de 3 à 7 ans, à qui ils sont destinés, ont besoin par ailleurs de manipuler, de sentir, d'explorer le monde par eux-mêmes. Le matériel sensoriel conçu par Maria Montessori est un élément essentiel de l'efficacité de sa pédagogie, et la collection Les petits Montessori n'a pas la prétention de s'y substituer."
Bien. Pourquoi vouloir faire ces cahiers, alors? Quel intérêt?  D'autant qu'un peu plus haut, elle nous dit que ces cahiers "servent de point de départ à la découverte des points fondamentaux de la pédagogie de Maria Montessori." Mais pourquoi un cahier comme point de départ?

Autant que possible, il nous faut trouver des supports concrets pour commencer, donc l'image (ce que l'on trouve dans ces cahiers), ne vient qu'en second temps.
Les objets concrets, que l'enfant peut toucher, manipuler, présentent également l'avantage d'offrir des possibilités d'activité quasiment illimitées et de satisfaire le besoin de répétition de l'enfant que ces cahiers n'offrent pas vraiment: le nombre d'exercices est très limité et ne remplace pas la variété que l'on obtient avec des objets et figurines.
Ces cahiers présentent donc des images (jolies), mais aussi beaucoup d'écrit. Pour le cahier "j'écoute les sons" qui reprend le jeu "je devine", l'enfant est constamment mis devant l'image de la lettre qui code le son. C'est vraiment dommage! Dans ce jeu, l'important, c'est de se focaliser sur le son pur sans référence à un symbole écrit. Ça viendra plus tard. Du coup, la différence entre "j'écoute les sons" (qui devrait être purement oral) et "j'associe les lettres aux sons" n'est pas assez nette.

Avoir un cahier, cela suppose d'avoir un crayon. Or, la main de l'enfant n'est pas prête au début du processus. La plupart des cahiers suppose que l'enfant entoure et relie des objets, donc trace des traits obliques. Soit l'enfant fait un effort pour obtenir des beaux traits propres et entraîne sa main pour un exercice contraire à l'écriture, soit on le laisse relier avec des traits très malhabiles, donc un cahier qui ne sera pas joli. Dommage!
Et que dire de l'idée ultra scolaire d'avoir un cahier? Cela me semble aller tellement aux antipodes de cette pédagogie! Quand on dit "cahier", on pense "programme". Un programme décidé à l'avance par l'adulte avec un certain nombre d'exercices pour chaque étape alors que c'est l'enfant qui fabrique lui-même son propre parcours à partir de ce que nous lui montrons et qui va y passer plus ou moins de temps. Bien sûr, dans l'introduction de chaque livre, Sylvie d'Esclaibes parle de liberté et de plaisir de l'enfant et du fait que chaque enfant est différent qu'il faut respecter l'enfant qui se désintéresse d'une activité et prolonger les activités auxquels il se montre sensible. Il n'empêche que le format en cahier risque d'inciter le parent peu habitué à cette pédagogie à pousser son enfant à aller au bout du cahier qu'il aura acheté. Et certains parents séduits par le côté "tout prêt" du cahier risquent d'avoir de la difficulté à prolonger les activités.

Enfin, je suis dubitative sur l'organisation même des cahiers qui mélange à la fois (bonnes) suggestions d'activités, (bons) conseils aux parents, citations de Maria Montessori (un peu aléatoires) et exercices proprement dits, le tout parfois sur une même page.

Voyons maintenant chaque cahier individuellement.

dimanche 5 juin 2016

La vie pratique II organisation et types d'activités

Maintenant que nous avons vu les objectifs de la vie pratique, voyons en quoi elles consistent et comment elles s'organisent.

1. Qu'est-ce qui constitue une activité de vie pratique?

Il n'y a pas de liste fermée pour ces activités, même si, d'une classe à l'autre, on retrouve une série d'activités incontournables. Comme ces activités prennent pour base les gestes que nous accomplissons dans notre quotidien pour prendre soin de nous, de notre environnement et nous nourrir, elles sont forcément liées à notre culture. Ainsi, en contexte chinois ou japonais, par exemple, une activité de maniement des baguettes sera proposée de manière naturelle alors qu'elle n'a pas vraiment de sens dans notre culture.



Certaines écoles de formation montessoriennes insistent sur le fait que les gestes proposés doivent être des gestes vrais. Ce critère me semble intéressant pour savoir si une activité que l'on veut mettre en place rentre dans le cadre des activités de vie pratique, à condition de bien le comprendre.

Ainsi j'ai entendu une personne dire que le transvasement à l'éponge n'était pas une activité de vie pratique parce que personne ne transvase un liquide d'un récipient à l'autre à l'éponge. Mais d'une part le geste travaillé (essorer l'éponge au dessus d'un récipient) correspond bien à un geste réel et utilisé fréquemment, d'autre part, nous pouvons être amené à ramasser une certaine quantité d'eau répandue sur le sol ou ailleurs à l'aide d'une éponge. Dans ce cas, la situation correspond exactement à ce que l'enfant a travaillé lors du transvasement à l'éponge: faire passer une quantité d'eau d'un lieu à un autre en la transportant dans l'éponge...

jeudi 5 mai 2016

Conférences-Ateliers 3-6 ans

Je n'oublie pas les promesses faites dans mon dernier billet. Je vous prépare pour très bientôt un article de fond sur la vie pratique, mais, comme je l'annonçais sur le blog 6-12, je manque un peu de temps en ce moment.

Néanmoins, pour mes lectrices (lecteurs??) angevins ou de la proche région, je profite de ce blog pour annoncer que je ferai une série de 3 conférences-ateliers sur la pédagogie Montessori en 3-6 ans. Le matin sera consacré à la présentation du matériel et à sa progression, l'après-midi à la manipulation du matériel et aux questions. Je serai également accompagnée d'Aude, qui avait la classe 3-6 ans à l'école, l'après-midi. Les places sont limitées et les ateliers en priorité réservés aux personnes qui connaissent déjà les bases de la philosophie Montessori et veulent en savoir plus sur le matériel et sa progression. Aux dernières nouvelles, il restait encore quelques places. Le premier atelier a lieu le samedi 21 mai.
Si cela vous intéresse, vous pouvez lire le détail de ces journées et vous inscrire sur le site de la Ruche Pédagogique.

A bientôt sur le blog et peut-être "en vrai" si vous venez aux conférences.

lundi 13 décembre 2010

Sainte Lucie


J’ai profité du fait que nous soyons aujourd’hui le jour de la Sainte Lucie pour mettre en place une activité collective de Vie Pratique: allumer et éteindre une bougie.
D’abord, j’ai parlé de la fête de Sainte Lucie. Il ne s’agissait pas de faire une référence religieuse. Notre école sera laïque. Mais cela ne nous interdit pas de faire référence à des traditions culturelles et nous laissons aussi à l’enfant la possibilité de nourrir son sens spirituel notamment en en prenant le temps d’observer la beauté de la nature et de la vie. Il s’agissait donc uniquement de rappeler que, il y a très longtemps, le jour de la Sainte Lucie était aussi le 1er jour de l’hiver (avant la réforme du calendrier julien qui a notamment supprimé 10 jours pour retrouver le rythme des saisons), donc le jour le plus court de toute l’année. Et justement, le nom «Lucie» signifie «Lumière». Dans les pays du Nord de l’Europe, où les journées d’automnes sont encore plus courtes que chez nous, on a allumé des bougies le jour de la Sainte Lucie pour se rappeler que même si ce jour était vraiment très court, dès le lendemain, les jours allaient recommencer à grandir un tout petit peu pendant tout l’hiver jusqu’à ce qu’on arrive enfin au printemps. C’est pourquoi un vieux dicton dit: «A la Sainte Luce, les jours croissent d’un saut de puce» (ce qui n’est plus vrai depuis 1582!)

Ce préambule terminé, nous sommes passées à l’activité. Il est important de préciser qu’elle ne doit être réalisée qu’avec des enfants très calmes et en petit nombre (chez moi, il y a eu 5 enfants au maximum). J’ai prévenu les enfants qu’ils devaient être très calmes et respecter exactement mes consignes. J’ai rappelé que le feu brûle et que les cheveux pouvaient facilement s’enflammer et qu’il fallait donc rester loin de la flamme. Par sécurité, j’avais un seau d’eau plein à côté de moi.
J’ai installé les bougies: de grandes bougies sur un bougeoir pour les enfants, une petite bougie (dans un bougeoir en forme de flocon, histoire de garder ma thématique du moment) pour allumer sa bougie, car il n’est pas question ici d’utiliser une allumette.
Après avoir allumé la bougie basse, j’ai montré aux enfants comment allumer leur chandelle en la tenant à 2 mains et bien dégagée devant soi. Puis j’ai montré comment se reculer de la table avant de se retourner pour regagner sa place pour éviter que les chevaux des petites filles passent au dessus d’une flamme.


Les enfants ont été sérieux comme des papes pour faire ce travail. Impressionnés (Eloïse a voulu que je l’accompagne) mais fiers de la confiance qui leur était accordée. Car, c’est là le principal objectif de cet exercice: montrer à l’enfant qu’on lui fait confiance dans une activité qui comporte une petite zone de risque. 
Pour proposer ce travail, il faut être à la fois conscient du risque que l’on prend (et donc se tenir prêt à intervenir rapidement mais sans colère si la consigne n’est pas respectée et qu’un enfant se met en danger) mais aussi ne pas être stressée. Etre sûre que ça va bien se passer (si les enfants ne sont pas surexcités au départ, bien entendus!) et les enfants nous rendent notre confiance en étant très soigneux et en ne prenant pas de risques. Ils sont conscients de ce qu’ils font et le font bien.
Quand toutes les bougies ont été allumées, nous avons fait un temps de silence en admirant la lumière de nos bougies. Puis j’ai montré comment éteindre la bougie avec un éteignoir (pour info, le mien vient de chez Ikéa, il est très bien). L’utilisation de l’éteignoir répond à la maîtrise du geste mais d’abord à l’impératif de sécurité: on n’approche pas son visage de la flamme, on ne risque pas de projeter de la cire chaude, on ne s’énerve pas. Le geste est beau, maîtrisé, sécuritaire.
Là encore, les filles ont été d’un sérieux d’enfants de choeurs!



Cette activité leur a tellement plu qu’elles ont souhaité recommencer en fin de séance. Cette fois-ci, j’ai indiqué dans quel ordre les enfants devaient se lever et quelle bouger allumer et éteindre. Cela s’est encore bien passé, mais, en fin de séance, on sent un peu de fatigue parmi les enfants sur la ligne: ils bougent beaucoup plus qu’auparavant. Il y a même eu un petit «psychodrame» puisque au moment d’éteindre la bougie Eloise s’est levée avant Pauline (là, c’est de ma faute, mon ordre de passage n’était pas logique) et a éteint la bougie de Pauline qui a fondu en larmes.
C’est pourquoi, dans la vidéo qui suit, on voit la même bougie éteinte 2 fois de suite puisque j’ai bien évidemment rallumé la bougie de Pauline qui vient l’éteindre en étouffant un dernier gros sanglot.





Edit de 2016: A l'école nous avons régulièrement proposé des exercices avec une bougie lors du temps de ligne avec le groupe entier (15 à 18 enfants). Cela s'est toujours bien passé et l'exercice leur amenait un grand calme et une grande fierté intérieure. C'est donc un exercice de renforcement de la confiance en soi autant que de concentration.

mercredi 1 décembre 2010

Chaîne de 1000 pour Maia


La semaine dernière, Maia a découvert les petites chaînes. Et comme elle ne vient régulièrement que depuis peu de temps, je me suis aperçue qu’elle avait vu le cube de 1 000 avec sa maman mais pas la chaîne de 1 000.
Quand Maia a réalisé que la grande chaîne dorée qui pendait sur l’étagère de mathématiques était constituée de 1 000 perles, elle a été fascinée. Il était trop tard pour la lui présenter mais je lui ai promis de la faire aujourd’hui.
C’est ce que nous avons fait pour sa plus grande joie. L’occasion de constater que même une excellente élève du système classique et qui a pourtant eu l’occasion de manipuler un peu les perles s’emmêle encore un peu les pinceaux avec les centaines en CE1 alors que l’enfant Montessorien en a généralement terminé vers 5 ans. 
C’est qu’en CP, on ne va pas plus loin que 100 (et encore, le nom des dizaines n’est pas toujours bien maîtrisé) ce qui fait que le système décimal est «saucissonné» sur 2 ans et que les enfants ont du mal à en percevoir sa cohérence. En Montessori, on va directement à 1 000 ce qui permet à l’enfant de voir 3 passages d’une catégorie à l’autre (unités-> dizaine, dizaines->centaines, centaines-> milliers). Il y a suffisamment de répétition pour que  le système soit compris. En s’arrêtant à 100, les programmes officiels pensent simplifier le travail de l’enfant. En réalité, c’est plutôt le contraire...




mercredi 17 novembre 2010

Volumes bleus dans la farine pour grandes


Cet après-midi, à la fin de l’atelier, je réunis Sybille et Dya pour reprendre avec elle le vocabulaire des Volumes Bleus que j’avais commencé à donner la semaine dernière. Sibylle bloque un long moment sur le cube qu’elle persiste à appeler «carré». L’utilisation du carré du cabinet de géométrie nous aide à y voir un peu plus clair.
Puis, alors que le cône et le tétraèdre sont posés côte à côte, Sibylle remarque que les formes sont similaires. Je prends les 2 formes et nous remarquons les similitudes: même hauteur et sommet en pointe. Mais je commence à faire remarquer les différences: la base circulaire pour le cône, rectangulaire pour le tétraèdre, l’absence d’arrêtes sur le cône...
Et soudaine, je réalise que ce que je suis en train de montrer serai beaucoup plus clair dans le plateau de farine. Les filles sont ravies à l’idée de reprendre ce matériel et nous voilà parties avec la farine à observer les traces.
En 3-6 ans, quand on donne le plateau de farine, on laisse l’enfant expérimenter seul et sensoriellement. En 6-12 ans, si on reprend le matériel, c’est pour expliquer, nommer, comprendre une notion. Bref, on fait vraiment de la géométrie et on découvre des tas de choses en y mettant les mots.


vendredi 5 novembre 2010

Maîtrise du geste


Ce vendredi, quand je regarde les photos que j’ai prises,c’est l’importance de la maîtrise du geste dans la pédagogie Montessori qui s’en dégage.
Maîtriser le geste, acquérir le geste juste et sûr, travailler la précision, c’est bien sûr l’un des premiers objectifs de la vie pratique. Par exemple, lorsqu’on présente le cadre de la fermeture de jupe, pratiquement tous les enfants y arrivent. Mais il ouvrent d’un geste brusque, qui part en travers. Au fil des séance, ils vont ouvrir tout doucement, d’un mouvement bien vertical qui suit exactement la fermeture et sans provoquer aucune tension dans le tissu. L’enfant sera passé du geste naturel au geste maîtrisé.
J’admire particulièrement que Maria Montessori, femme qui passa tant de temps à étudier et assoiffée de connaissance, ait néanmoins compris que nous ne sommes pas de purs esprits et que l’éducation de l’esprit passe par l’éducation de la main. 
Car la maîtrise du geste ne concerne pas que la vie pratique, elle s’étend ensuite à toutes les activités où elle devient indispensable.



samedi 25 septembre 2010

Le délicat problème de l'ambiance


Voilà un billet que je voulais écrire depuis longtemps...
Quand on commence à mettre en place une ambiance Montessori, on a en tête les descriptions des livres de Maria Montessori: enfants autonomes, heureux d’être dans la classe, travaillant silencieusement, choisissant librement leurs activités, répétant les activités... Bref, le rêve de l’éducateur!
Et puis, quand on se confronte à la réalité, il en est tout autrement! 

Il y a des gens qui veulent faire croire qu’en Montessori, il suffit de préparer une belle ambiance bien rangée et propre, d’avoir bien répété ses présentations, de les faire aux enfants et de s’asseoir dans un coin de la classe en attendant que tout se passe comme dans les livres de Maria.

Outre que ces gens n’ont pas dû expérimenter cela bien souvent (à part en atelier hebdomadaire où il est relativement facile d’avoir un enfant scolarisé qui est heureux de pouvoir enfin manipuler...), ils n’ont pas bien dû lire la fin de l’Esprit Absorbant.

Je cite: «Une maîtresse inexpérimentée, pleine d’enthousiasme et de foi dans les résultats de cette discipline intérieure annoncée se trouve en face de lourds problèmes. Elle a compris et elle croitqu’il faut laisser les enfants libres de choisir leurs occupations, et ne jamais interrompre leur activité spontanée. (...) or, le désordre, au lieu de diminuer, risque d’atteindre des proportions alarmantes.»

Quelques lignes plus loin, elle continue: «Il faut que nous ayons à l’esprit le phénomène de la discipline intérieure: c’est un phénomène qui doit se produire et non un phénomène qui préexiste.Notre devoir est de guider l’enfant sur la voie de la discipline. La discipline naîtra quand l’enfant aura concentré son attention sur un objet qui l’attire.»

Ainsi, pas question de s’asseoir et d’attendre le miracle. Nous devons être très actives au début. L’enfant a besoin d’être «guidé» jusqu’à ce qu’il accède enfin à cette discipline intérieure.
Si Maria Montessori affirme avec force que l’activité spontanée de l’enfant ne doit pas être interrompue, elle nous met aussi en garde: «Si la maîtresse ne sait pas distinguer la pure impulsion de l’énergie spontanée naissant dans un esprit en paix, son rôle sera stérile. Son action efficiente repose sur la distinction entre deux sortes d’activité, ayant chacune une apparence de spontanéité -puisque dans les deux cas l’enfant agit de sa propre volonté- mais dont la signification est totalement opposée.»

Voilà donc une première difficulté: repérer l’activité à encourager et celle qui ne mène à rien. Dans le chapitre qui précède, Maria Montessori parle de la volonté, comme d’une force qui «mène au développement conscient». 

Pour guider les enfants, Maria Montessori nous dit que nous avons à les «appeler» sur un chemin qui les mènera à cette discipline intérieure. Pour cela, nous n’avons pas à craindre d’intervenir au début pour mettre immédiatement fin à toute activité qui n’a pas de but conscient et au contraire proposer inlassablement des activités qui vont le mettre en chemin.
Maria Montessori ne donne jamais de «recettes», mais des principes et des pistes: d’abord, proposer des activités qui coordonnent les mouvements, ensuite, fixer l’attention de l’enfant sur des objets réels «rendre la réalité accessible et attrayante».
Quand le désordre s’installe, pas de recette miracle et c’est à nous de sentir ce qui est le plus approprié: lever la voix ou chuchoter à certains seulement, secouer une clochette ou frapper vigoureusement un accord sur un piano... Mais pas question de rester sans réagir.

Maria Montessori constate cependant: «Une maîtresse expérimentée n’aura jamais de grave désordre dans sa classe, parce que, avant de se disposer à laisser la liberté aux enfants, elle sera d’abord vigilante en les préparant dans un sens négatif, afin de réprimer les mouvements incontrôlés. (...) Les exercices les plus simples de vie pratique ramèneront au travail réel les petits esprits errants qui les réclameront. Peu à peu la maîtresse offrira le matériel, n’en laissant pourtant jamais le libre choix aux enfants avant qu’ils en aient compris l’usage.»

Et pourtant, là, encore, Maria Montessori nous dit que ce n’est pas encore gagné! Les enfants sont calmes, ils prennent des activités, mais ils passent de l’une à l’autre sans s’y concentrer vraiment. La fatigue arrive vite et avec les détournements de matériel, les enfants qui commencent à s’agiter...
Là encore, il nous faut agir: surveiller, mettre fin aux comportements qui ne vont pas, et continuer à présenter, à faire les leçons aux enfants jusqu’à ce qu’un enfant, puis 2, puis tous accèdent enfant à cet état intérieur qu’elle décrit.

Mais cela met du temps. Je ne suis même pas sûre que Clémence en soit vraiment arrivée là!
L’erreur serait de croire que le libre-choix est une proposition de départ qui faire arriver le reste. Au contraire: «le libre-choix est l’activité la plus élevée: seul l’enfant qui connaît ce dont il a besoin pour exercer et développer sa vie spirituelle peut, en vérité, choisir librement.»
L’enfant qui passe d’un objet à un autre n’est pas encore dans le libre-choix. Et avant cela, il peut peut être dans le «non-choix»: ne rien vouloir faire. A nous alors d’aller le solliciter pour le mettre au travail. Non pas en le forçant à prendre un matériel donné mais en lui proposant inlassablement une activité jusqu’à ce qu’il en prenne une ou en lui faisant faire quelque chose avec nous (balayer, ranger, épousseter, arroser...). En effet, c’est dans le travail que l’enfant va réussir à se reconnecter sur ce «guide intérieur» qui va lui permettre de se passer de nous.
Dans les conseils qu’elle prodigue pour la mise en place de l’ambiance, Maria Montessori nous dit: «Dès la période initiale (...) la maîtresse est comme la flamme dont la chaleur active, vivifie, invite. Elle n’a pas à craindre de déranger quelque processus psychique important puisque ces processus ne sont pas encore en route. (...) la maîtresse procède par des exercices variés qui, s’ils ne sont pas spécialement importants en soi ont, du moins, le grand avantage d’attirer l’enfant.»


Ces derniers temps, je relis très souvent ces chapitres de l’Esprit Absorbant («Les trois degrés de l’obéissance», «La maîtresse montessorienne et la discipline» et «La préparation de la maîtresse montessorienne.»). J’y trouve à chaque lecture de nouvelles source d’inspiration.
Arriver à guider les enfants sur la bonne voie n’est pas chose facile. C’est un juste milieu entre une certaine liberté et une certaine dose d’exigence et il n’est pas toujours facile de décider quand intervenir, quand ne pas intervenir. Mais c’est une alchimie passionnante!