L’une des richesses de mon stage, c’est que j’y ai retrouvé une personne dont le métier est de travailler avec des enfants autistes et leur famille. J’ai pu longuement échanger avec elle au sujet des 2 enfants autistes avec lesquels je suis amenée à travailler.
Depuis quelques temps, E. avance très vite en numération et y prend un plaisir manifeste. Par contre, j’ai l’impression de faire du sur-place dans le Langage: la conscience phonologique n’arrive pas et l’explosion de l’écriture non plus...
Jusqu’à présent, j’ai appliqué la méthode telle qu’on me l’a enseignée, sans utiliser de béquille ou d’aide particulière. La mémorisation des lettres se fait assez bien, mais je jeu «Je devine» est très difficile. certains jours, j’ai l’impression que ça vient, et la fois d’après, tout semble redevenu comme au début.
La personne qui m’a conseillée m’a indiqué que la conscience phonologique ne venait généralement aux enfants autistes qu’après qu’ils aient compris le phénomène de la synthèse. Il valait donc mieux que je commence à expliquer un peu à E. comment les sons des lettres s’accrochaient.
Aujourd’hui, j’ai donc essayé cela. Après avoir vérifié qu’un certain nombre de lettres était bien reconnues, j’ai présenté le grand alphabet. E. était content de passer à un nouveau matériel et, à ma grande surprise, n’a pas été trop dérouté pour retrouver les lettres qu’il connaissait parmi l’ensemble des lettres.
J’ai gardé sur la table quelques consonnes et les voyelles qu’il connaît et je lui ai montré comment les sons s’accrochaient si on accrochait les lettres ensemble. Ainsi, j’ai formé «la». J’ai d’abord prononcé les 2 sons distinctement plus de plus en plus rapprochés jusqu’à prononcer «la». E. a été très intéressé, il m’a proposé lui-même des combinaisons pour que je les prononce. Ce fut aussi l’occasion de constater que les lettres bleues (les consonnes) ont du mal à accrocher leurs sons ensemble.
Après avoir posé et prononcé «mi», j’ai posé un «a» devant et prononcé «ami». Le regard d’E. s’est illuminé: il a compris que nous venions d’écrire un mot.
C’est alors que j’ai eu beaucoup de chance: j’ai demandé à E. s’il avait un chien et il se trouve qu’il en a un. Comme il le fait toujours quand nous travaillons ensemble, il m’a répondu par un signe de tête. Je lui ai alors demandé ce qu’il aimait manger. Et là, E. m’a répondu en parlant, ce qu’il n’avait encore jamais fait dans le cadre de la classe. Nous avons alors eu un petit dialogue au terme duquel est apparu le mot «os».
J’ai répété lentement en appuyant sur le 1er son: «oos». J’ai demandé à E. quel son il entendait au début et de me donner la lettre qui correspondait. Il m’a apporté le «o». Puis nous avons fait de même avec le «s». Nous éprouvions tous les 2 une grande joie. E. avait enfin écrit son premier mot!
Je l’ai ensuite aidé à écrire le nom de son chien: «Toto» (quelle chance d’avoir choisi un nom si simple!).
Comme la parole était débloquée, nos avons continué à discuter et j’ai fait arriver le mot «lac». Mais E. était trop fatigué et n’arrivait pas à trouver le «l», il entendait juste le «a». J’ai donc laissé tombé. J’ai cependant pris les lettres et j’ai écrit «lac» devant lui en lui prononçant les sons.
Ce premier travail terminé, E., après un petit moment à vide, a enchaîné sur la numération et a passé un long et riche moment avec les barres rouges et bleues.
Vraiment, ce fut une magnifique séance de rentrée et j’espère que la prochaine permettra de consolider les acquis de celle-ci.
LUDMILOUCHKA
Qu'une chose : BEAU témoignage!!
dimanche 25 avril 2010 - 22:20
C'est magique !
Bravo à vous deux...
lundi 26 avril 2010 - 03:40
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