Le contenu de ce blog est le reflet de mon cheminement dans la pratique de la pédagogie Montessori et n'engage que moi.
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mercredi 27 juin 2018

Plateau de vie pratique: Les changer ou pas?



Voici un sujet de réflexion que j'ai en tête depuis un bon moment pour ce blog. Lors de mon dernier stage de niveau 3, il y a 2 mois, je l'ai d'ailleurs soumis à mes stagiaires en exercice de groupe. Ce fut l'occasion d'un beau moment de réflexion puis de discussion. Aujourd'hui, je vous partage le fruit de mes réflexions sur le sujet.

De quoi s'agit-il?


Sur le net, et particulièrement dans une partie du monde anglo-saxon, il est d'usage pour certains éducateurs de changer régulièrement une partie de plateau de vie pratique et de les "saisonnaliser" c'est à dire d'utiliser des éléments ou des couleurs en rapport avec les saison ou les fêtes. Par exemple mettre du maïs pour les versés et un code couleur orangé au moment de l'automne, proposer un transfert de petits œufs décorés au moment de Pâques ou de flocons en feutrine pour Noël.

Quels avantages?


Le premier argument invoqué par les partisans de cette pratique est de soutenir l'intérêt des enfants pour les activités. C'est en effet un trait universel que nous sommes attirés par la nouveauté. Introduire un changement dans les plateaux et activités de vie pratique sera immédiatement remarqué par les enfants qui voudront généralement essayer le nouveau plateau. Les enfants retourneront alors à certaines activités qu'ils avaient délaissées depuis plusieurs semaines ou mois.

dimanche 15 janvier 2017

Cartes d'activités


Choisir une activité n'est pas toujours aisé

Une lectrice du blog m'a récemment contactée pour savoir si je pouvais partager les cartes d'activités que j'avais utilisées avec Clémence d'abord puis ponctuellement avec certains enfants de l'atelier en 2010-2011.
Quand j'ai commencé à créer ces cartes, c'était dans le cadre d'un contrat, préconisé alors par l'un de mes formatrices. Comme je vous l'indiquais dans mon billet, "10 conseils pour bien démarrer Montessori à la maison", nous avons bien vite vu les limites et les inconvénients graves de cette manière de procéder.

Néanmoins, avoir un système de cartes peut parfois s'avérer utile, surtout à la maison.

lundi 12 septembre 2016

10 conseils pour bien démarrer Montessori à la maison

En cette période de rentrée, voici un article pour vous aider dans vos ateliers Montessori avec vos enfants, en IEF ou éventuellement en plus d'une scolarisation.
Lors d'un prochain article j'aborderai la mise en place dans une classe, mais, si vous êtes enseignant(e), n'hésitez pas à lire ce billet, il contient des idées que vous pouvez aussi reprendre dans votre classe.

Un souvenir de la pièce Montessori en 2010 avec Clémence et Pauline...

Voici donc 10 éléments importants pour que vos ateliers Montessori se passent bien et que votre (vos) enfant(s) se mette(nt) facilement au travail.
NB: J'ai pris le parti d'écrire au féminin. S'il y a parmi vous des papas lecteurs ou des enseignants, qu'ils veuillent bien me pardonner

1. Croyez en ce que vous proposez

Vous avez décidé de proposer des temps Montesori à votre (vos) enfant(s)? C'est donc que vous avez pris le temps de vous renseigner sur cette pédagogie, sa philosophie, sa progression, ses bénéfices...
Vous avez fait un choix, assumez-le!
Je ne veux pas dire par là qu'il faut foncer tête baissée et que vous n'avez pas le droit de changer d'avis. Mais si vous voulez vraiment tester la pédagogie Montessori, alors allez-y avec conviction.
Rappelez-vous que votre enfant est une éponge. Il absorbe son environnement pour apprendre mais également les émotions.

Si vous êtes incertaines, tendue, anxieuse, si vous n'avez pas l'impression de faire quelque chose de bon pour votre enfant, comment voulez-vous qu'il se sente suffisamment sécure pour être réceptif à votre proposition?

2. Délimitez l'atelier dans l'espace et dans le temps

L'espace Montesori obéit à des critères précis et son utilisation également. Les règles n'y sont pas exactement les mêmes qu'avec les jeux et jouets. Autant il est parfaitement légitime d'utiliser ensemble dînette et poupée ou de s'inventer des mondes avec des éléments de jeu, autant il ne sera pas possible de mélanger 2 plateaux de vie pratique ou de construire des châteaux avec les tablettes de couleurs.

Vous aiderez donc grandement votre enfant en séparant l'espace de jeu de l'espace Montessori.
Autant que faire se peut, un espace hors de la chambre est préférable. Il sera d'autant plus facile de distinguer temps de jeu et temps Montessori.

De même, balisez verbalement le temps d'atelier. "Maintenant, c'est le temps des activités (Montessori)". Et à partir de ce moment, votre enfant est libre de faire tout ce que peut faire un enfant dans une classe Montessori, mais il reste dans cet espace. Ce n'est plus le moment d'aller jouer dans sa chambre. C'est comme au moment du repas.
Intervenez gentiment mais fermement (rappelez-vous le conseil n°1) si votre enfant quitte l'atelier en plein milieu et rappelez-lui qu'il pourra retourner jouer à la fin de l'atelier.

En faisant le choix de la pédagogie Montessori, vous avez fait le choix de mettre votre enfant en contact avec un environnement "préparé", c'est-à-dire un ensemble d'activités destinées à favoriser son autonomie, sa concentration, sa curiosité, sa construction intellectuelle. Ces activités s'utilisent dans un cadre avec des règles peu nombreuses mais précises. C'est une pédagogie différente de l'apprentissage par le jeu libre et vous n'obtiendrez pas les résultats attendus si vous mettez le matériel dans une ambiance de jeu libre.

Ce qui fait la spécificité de Montessori, c'est la philosophie et l'ambiance qui en découle, pas le matériel qui est secondaire.

3. Soyez disponible lors du temps d'atelier.

Lorsque vous êtes en atelier avec votre enfant, oubliez toutes vos autres préoccupation. Vous êtes là pour votre enfant et il doit le ressentir. Laissez vos soucis et projets à la porte!

L'enfant a besoin d'une présence enveloppante: de loin, il sent que vous veillez sur lui. Il doit pouvoir ressentir votre confiance en lui, pouvoir compter sur votre aide et votre encouragement discret.
Il doit aussi pouvoir échanger avec vous ses impressions après une période de grand travail.
L'adulte sécurise par sa présence vigilante, encourage par son regard et sa parole bienveillante et permet la maturation de la confiance en soi par une écoute attentive.

4. Sachez vous faire discrète.

Dans une clase Montessori, l'éducatrice et son assistante s'occupent de 20 à 35 enfants. Leur attention se porte alternativement sur chacun. En IEF, nous n'avons que 1, 2 ou 3 enfants, rarement plus.
Si nous n'y prenons pas garde, le risque, c'est que notre observation pèse trop lourd sur les épaules de l'enfant. Il peut alors adopter l'un ou l'autre de ces comportements:
Soit l'enfant devient dépendant de notre regard et sollicite constamment notre attention. Il ne veut rien faire que sous notre regard et quémande notre appréciation.
Soit au contraire, pour se protéger de notre regard, il peut choisir de ne plus rien faire.

Il faut donc trouver la juste place: apporter la présence enveloppante et préserver l'intimité de l'enfant.
Il ne doit à aucun moment se sentir ni "sous les feux de la rampe" (et donner son activité en spectacle à l'adulte en vue d'appréciations positives) ni "sur le gril" (se sentant épié en permanence et redoutant notre regard).
A nous de trouver comment nous faire discrète. Restons disponible mais ayons notre propre occupation qui nous évite d'avoir les yeux rivés sur notre enfant.
Essayez un instant de vous imaginer, vous, au travail,  avec un supérieur qui vous dise: "Allez-y, faites ce que vous avez à faire, je vous regarde." Dans quel état d'esprit seriez vous?

S'occuper de l'ambiance, prendre des notes, préparer un matériel (attention, c'est à double tranchant, votre enfant peut tout lâcher pour venir vous voir!), s'entraîner à manipuler un matériel... Avec un peu d'imagination, on finit par trouver sa juste place, surtout dès qu'on a plus d'un seul enfant dans l'atelier.

5. Soyez régulière

L'ordre est un besoin essentiel de l'enfant dès la naissance (voir les périodes sensibles de Maria Montessori). Il construit leur rapport au temps, leur logique, leur persévérance, et, au bout du compte, leur intelligence.
A partir du moment où vous vous êtes décidée  faire des ateliers, allez-y chaque jour à une heure régulière. Votre infant va intérioriser le temps de l'atelier. Peu à peu, il sait ce qui se passe avant et ce qui se passe après. Cela le sécurise. Cela participe de la "normalisation", cet affreux mot qui indique que l'enfant agit spontanément en suivant son guide intérieur et se met au travail dans la joie.

Si vous ne faites pas d'atelier pour une raison particulière, expliquez-le à l'enfant. Mais, dans la mesure du possible, évitez de placer des rendez-vous sur le temps habituel de l'atelier, sinon l'enfant ne s'y retrouvera pas.

6. Passez suffisamment de temps dans l'atelier.

Au début, vous planifierez quelques séances plus courtes. Il faut du temps pour que l'enfant ait suffisamment d'activités à sa disposition. Ensuite, essayez de passer 2 à 3 heures dans l'atelier.

J'entends et je lis souvent "Ah, mais le mien (plus rarement "la mienne"!), au bout d'une heure, il tourne en rond, il faut arrêter."
En fait, au bout d'une heure, se déclenche le phénomène de la "fausse fatigue". Maria Montesori en parle longuement dans le tome 2 de La Pédagogie Scientifique lorsqu'elle décrit le rythme de l'enfant.
Si on prend le temps de laisser l'enfant trouver sa prochaine activité, alors, il va se lancer dans un "grand travail". C'est une activité plus difficile que celles qu'il a faites auparavant et qui correspond exactement à son besoin. Elle va capter son attention et le laisser calme et enthousiaste quand il aura fini. C'est là qu'il aura besoin de votre oreille attentive pour vous confier son enthousiasme.

Si on interrompt l'atelier au moment de la fausse fatigue, on empêche le grand travail d'arriver.
Donc proposer un temps ininterrompu d'au moins 2h, c'est un service qu'on rend à l'enfant. C'est ainsi qu'il va apprendre à se concentrer davantage et progresser. Il faut juste gérer le temps de la fausse fatigue: être présent pour l'enfant, ne pas le juger, tolérer un peu d'agitation, lui laisser le temps de trouver une nouvelle activité sans trop intervenir.

7. Donnez à votre enfant les clefs pour accéder à l'autonomie.

Aidez votre enfant en lui donnant le mode d'emploi de l'atelier. Si vous dites à un enfant qui débute: "Ici, c'est pour toi, tu peux travailler comme tu veux, c'est toi qui décides ce que tu fais.", il y a de fortes chances que ce soit trop difficile à gérer pour lui. "Donner la liberté à celui qui n'est pas prêt est une erreur." écrit Maria Montessori dans l'Esprit Absorbant.

Au contraire, dès les 1ères séances, expliquez à votre enfant comment ça va se passer. Cela lui évitera la sensation paralysante d'une trop grande liberté quand on n'est pas encore maître de soi.
La première fois, faites 3 ou 4 présentations, puis dites à l'enfant: "Maintenant, je te laisse reprendre le travail que tu veux." En fonction de sa fatigue, de sa motivation, il reprendra une présentation, ou plusieurs, voire toutes. Lors de cette première séance, montrez-lui aussi les activités qu'il peut prendre sans présentation particulière: puzzle, kappa, pâte à modeler, perles...

Le lendemain dites à l'enfant: "Tu te souviens des activités que je t'ai montrées hier? Tu vas commencer par t'entraîner en les reprenant. Ensuite, je t'en montrerai de nouvelles." Et laissez l'enfant reprendre plusieurs activités avant de vous lancer dans une nouvelle présentation. Ainsi l'enfant intériorise qu'il doit choisir une activité en arrivant dans l'ambiance.

8. Aidez sans relâche l'enfant qui ne trouve pas de travail

Maria Montessori nous explique que la clef qui permet à l'enfant de reprendre les rênes de son propre apprentissage (la normalisation), c'est le travail, l'activité constructive et concentrée.
Proposez inlassablement du travail à l'enfant qui n'en trouve pas spontanément. Sachez identifier le moment où l'enfant ne fait rien parce qu'il se repose après un travail ou observe celui d'un autre, et celui où l'enfant tourne en rond, n'arrive pas à choisir.

L'éducateur, nous dit Maria Montessori, est le trait d'union entre l'enfant et le matériel. Nous sommes dans ce rôle lorsque nous le lui présentons mais aussi lorsque nous l'amenons à l'activité.
Il n'y a pas de recette miracle mais des comportements qui aident: adopter un ton bienveillant, confiant et sûr de soi, aller l'étagère avec l'enfant pour qu'il ait le matériel sous les yeux, bannir la question "Est-ce que tu veux faire ça?", la remplacer par "Quelle activité choisis-tu?".

Si l'enfant a trop de mal, proposez-lui un choix entre 2 activités dont vous pensez qu'elles répondent bien à son besoin. Amenez-le devant ces activités et demandez-lui laquelle il choisit en les montrant et les nommant.
Si ça ne marche pas, vous pouvez essayer le "Tiens! prends cette activité." Si le ton est vraiment bienveillant et convaincu, ça marche souvent. Et à la suite d'une première activité proposée par l'adulte, l'enfant sait souvent mieux ce qu'il veut faire parce qu'il a été mis en activité. Attention, cependant, l'enfant peut encore dire non, vous ne le forcez pas.

9. Ne faites pas de contrat

Bien que pratiqué par l'une de mes formatrices, c'est plutôt une fausse bonne idée, surtout en 3-6 ans.
Le contrat suppose une attente de l'adulte, c'est un début de pression.
Un contrat est un acte juridique qui implique des parties et prévoit des obligations ainsi que des sanctions en cas de manquement.
Que ferez-vous si l'enfant ne remplit pas son contrat? Voulez-vous le sanctionner? Et s'il n'y a aucune conséquence au fait de ne pas le remplir, alors quelle est sa valeur? Pourquoi en faire un?

Le contrat présente des activités "minimales" que l'enfant doit faire. Du coup, il incite certains enfants à ne faire que cela. Il supprime alors le travail du choix et certains enfants ne savent plus quoi faire en dehors du contrat. Ils perdent l'accès à l'activité spontanée qui est la base de la pédagogie. Certains ne travaillent plus pour eux-mêmes mais pour l'adulte, d'autres vont faire durer leur contrat pour ne pas avoir à faire/choisir d'autres activités ensuite. Ils prennent donc l'habitude de travailler de manière déconcentrée.

Je vous en parle d'autant plus à l'aise que j'ai moi-même utilisé le contrat avec Clémence puis pour certains enfants dans les ateliers et au début de l'école. Mais nous en avons vite vu les limites, même si ce système nous a d'abord paru bon. Par la suite, nous l'avons totalement abandonné. Cela générait un peu plus de travail pour l'assistante pour les aider à trouver une activité (et encore! même avec un contrat, il fallait motiver un certain nombre d'entre eux!), mais ensuite, les enfants devenaient beaucoup plus engagés dans leur activité et la qualité de l'ambiance était bien meilleure.
La seule chose que nous ayons faite, suite à la suppression du contrat, c'est de proposer aux enfants les plus âgés une jolie boîte personnelle (décorée par leurs soins) dans laquelle ils retrouvaient des images de leur activités "de grands" du moment (lecture, écriture, dictée muettes, opérations, mémorisations, tables de Seguin). La boîte était régulièrement mise à jour pour qu'il ne reste que quelques activités et ils étaient incités à aller consulter leur boite pour se rappeler où ils en étaient de leur travail et puiser de l'inspiration.

10. Observez, sans lunettes de perfectionniste!

Si vous mettez déjà en pratique les 9 premiers conseils, vous aurez une bonne base de départ.
Ensuite, n'oubliez pas la patience, la confiance, la bonne humeur.
Observez régulièrement votre enfant, non pas à travers le filtre de vos lectures ou de vos visites sur un blog, mais en toute objectivité. Votre enfant est-il concentré (au moins un peu)? Est-il impliqué dans son activité?
Observez ses petites mains, son regard, sa petite moue, ses mimiques. Un jeune enfant peut être très concentré tout en bougeant beaucoup. Prenez le temps de voir au delà du 1er regard.

L'activité qu'il a prise vous a peut-être déçue, vous la pensiez trop facile, il l'a déjà prise beaucoup de fois et vous espériez qu'il en prenne une autre plus difficile. Mais observez-le bien: l'a-t-il prise parce qu'il la maîtrise et qu'il veut se rassurer ou se montrer qu'il est capable, avant de passer à une autre? Ou alors pour vous faire plaisir? Ou simplement parce qu'elle correspond encore à son besoin, malgré toutes vos attentes?
N'oubliez pas ce que nous dit Maria Montessori: "L'enfant est le guide". Mais pour le suivre, nous devons faire preuve d'humilité, savoir le voir tel qu'il est et non tel que nous le rêvons, l'attendons, l'espérons. Posons-nous et ouvrons nos yeux, avec cœur et sensibilité et surtout beaucoup de confiance. Et n'hésitons pas à modifier notre attitude quand nous voyons qu'elle entrave la progression de notre enfant.

On pourrait ajouter bien des choses pour compléter ces 10 conseils. Prenez le temps de les expérimenter. N'hésitez pas à poser vos questions en commentaires ou à partager votre propre expérience et vos petits trucs.
Et surtout, passez de bons moments en atelier Montesori avec vos enfants!


lundi 30 mai 2016

Qu'est-ce que la Vie pratique? I Les objectifs

Comme annoncé dans mon précédent billet, voici un article de réflexion sur le matériel. Son objectif est de bien cerner les objectifs et le fonctionnement de ce pan incontournable de la classe 3-6 qu'est la vie pratique.

La vie pratique, c'est un ensemble d'activités qui permettent à l'enfant de travailler les gestes de la vie courante. Ceux qu'il va devoir maîtriser pour lui-même, ceux qu'il voit faire par les adultes.

Quand on démarre la pédagogie Montessori, on commence par là et on a bien raison! D'autant que c'est là que le matériel est le plus simple à acquérir. Alors commençons tout de suite par les objectifs. L'organisation et les différents types d'activités feront l'objet d'un 2ème billet.

Les objectifs de la vie pratique

1. La mise au travail



 Pour Maria Montessori, l'enfant est un "embryon spirituel". Cela signifie qu'à l'instar de l'embryon dans le ventre de sa mère, le petit enfant se développe de manière spontanée, suivant une sorte de "guide intérieur" qui le fait passer immanquablement par une série d'étapes, pour peu qu'il soit dans un environnement favorable.
La difficulté, justement, c'est que bien souvent, nous, les adultes, nous n'offrons pas à l'enfant l'environnement favorable dans lequel ce guide intérieur peut jouer son rôle et conduire à un développement harmonieux de l'enfant. S'ensuit alors ce que Maria Montessori nomme des "déviations". Ce terme ne comporte aucun jugement moral: il indique juste que l'enfant n'est plus sur sa voie de développement optimal et qu'il a mis en place un nombre plus ou moins grands de comportements qui visent à protéger son intégrité psychique mais ne lui permettent plus de se développer aussi bien qu'il le pourrait. Ce peut-être une timidité excessive, un repli sur soi, un refus de faire par soi-même ou au contraire une agitation excessive...

Bref, si vous donnez à un enfant dans cet état du matériel sensoriel, il le reprendra une ou deux fois, mais il est probable qu'il s'en lassera très vite. Car le matériel sensoriel propose à l'enfant des découvertes nombreuses mais très nuancées. Il faut que l'enfant ait déjà pris l'habitude du travail, soit capable se concentrer et d'écouter ce guide intérieur. Alors il pourra vraiment ressentir l'appel puissant du matériel sensoriel parce qu'il sera "normalisé". Ce vocable montessorien, - pas très heureux, convenons-en- signifie qu'un enfant a suffisamment repris le cours "normal" de son développement, qu'il n'est plus entravé par ses déviations, qu'il peut suivre son guide intérieur et accéder au développement qui devrait caractériser tous les enfants si nous pouvions leur offrir à tous l'environnement adéquat.

Pour arriver à la "normalisation", pas de mystère, il faut que l'enfant se mette en activité, il faut qu'il arrive à rencontrer au moins une première activité qui fixe longuement son attention. Ensuite, une fois cette expérience de travail concentré et dans la joie, il voudra retrouver cette sensation et il lui sera de plus en plus facile d'enchaîner les moments de travail dans la concentration et surtout d'opérer un véritable choix éclairé, guidé par son besoin de développement actuel. C'est cela que Maria Montessori appelle la liberté.

Et c'est le matériel de vie pratique qui est le plus à même d'opérer cette "conversion" (le mot est de Maria Montessori) dans l'esprit de l'enfant et de l'amener dans la voie de la normalisation. En effet ce matériel attire particulièrement les enfants de cet âge qui ne désirent rien tant que de faire "comme les grands". Ces petits pots, ces pinces, ces pipettes, ces boîtes, ces coupelles, ces graines, ces pompons, ces petits objets colorés, ces pinces à linge, ces cadenas, ces boulons, ces petits seaux, bassines, pelles, balayettes, balais, serpillières... ont un pouvoir de séduction formidable et il nous faut nous appuyer sur leur pouvoir pour ramener l'enfant sur son chemin personnel de développement et qu'il puisse éprouver la capacité d'être libre.

Alors pas d'hésitation: si vous commencez à mettre en place des activités Montessori, débutez par la vie pratique, et cela même si les enfants ont déjà 4 ou 5 ans. Et prenez le temps de ne leur proposer que ces activités pendant un temps assez long, surtout s'ils sont petits. Pour les plus grands, il faudra rapidement mettre quelques activités sensorielles en route car les enfants ont besoin aussi d'être nourris, mais laissez-leur au moins une semaine (voire plus si les enfants semblent équilibrés ainsi) avant d'aborder le sensoriel. 3 semaines à 1 mois avant d'introduire au compte-goutte les toutes premières activités sensorielles pour les plus petits.
Et si vous travaillez avec des 6-12, n'oubliez pas de "donner suffisamment à la main" des enfants. autrement dit de proposer des activités pratiques aussi. Avec des enfants non-montessoriens, avoir quelques activités de vie pratique à proposer en début d'année peut s'avérer un très bon moyen de canaliser l'énergie des enfants. Ensuite, les propositions d'artisanat ne manquent pas pour permettre aux enfants de cet âge d'équilibrer leur travail: découpage de précision, tissage, broderie, crochet, tricot, vannerie, poterie, feutrage... sans compter le jardinage ou des projets de bricolage.

La recherche récente en neuro-science a mis en évidence 4 facteurs qui permettent un bon apprentissage:
- l'attention
- l'engagement
- le feed-back
- l'entraînement

Le matériel de vie pratique contient ces 4 facteurs: il est conçu pour favoriser l'attention de l'enfant (nous verrons comment), il implique un engagement actif puisque l'enfant l'a choisi, il est conçu pour contenir un contrôle de l'erreur et envoie donc ce fameux "feed-back" au cerveau de l'enfant qui lui permet d'apprendre, et enfin, le matériel comme la structure de la classe permet la répétition de l'exercice, donc l'automatisation des compétences.
Evidemment, tous le reste du matériel répond à ces 4 critères, mais notons bien que c'est dès le début, sur des activités apparemment aussi insignifiantes que verser des pois-chiche que nous mettons le cerveau de l'enfant dans les meilleures conditions de l'apprentissage.

2. L'autonomie


Evidemment, puisque les activités de vie pratique travaillent les gestes de la vie quotidienne, elles vont permettre à l'enfant de développer son autonomie. Dès lors qu'il s'est suffisamment exercé, l'enfant va pouvoir se servir à boire seul, s'habiller, se chauffer, couper sa nourriture...
Plus l'enfant a d'autonomie par rapport au soin de sa personne, moins il a la frustration d'être dépendant d'un adulte, plus il gagne en confiance et en estime de soi. Cela lui permet d'avancer plus facilement sur sa voie de développement.



Mais n'oublions pas que même si un enfant se débrouille pour boutonner son gilet, cela ne l'empêchera pas de continuer à s'exercer sur le matériel de la classe. Car l'enfant aime "faire pour faire" sans avoir forcément un autre but que le processus même de l'action. Et en s'entraînant encore et encore, il gagne en maîtrise de son geste et son autonomie devient de plus en plus solide de même que sa confiance.

3.La préparation à l'écriture et à la lecture

C'est un autre point fondamental de ce pan d'activités: par le biais de la vie pratique, nous préparons le cerveau de l'enfant au sens de la lecture et de l'écriture et nous préparons sa main à écrire.

Les exercices proposés sollicitent les muscles de la main et du poignet impliqués dans l'acte d'écrire et mettent en œuvre la "pince à trois doigts" permettant une bonne tenue du crayon.
Essorer une éponge muscle la main entière, les exercices à la pince et à la pipette travaillent la pince, les versés, la souplesse du poignet...



Mais plus encore, nous veillons à présenter le matériel dans le sens de la lecture (de gauche à droite et/ou de haut en bas) mais aussi dans le sens de l'écriture des boucles cursives (sens anti-horaire, celui que l'on utilise pour faire le o, le a, le e, le l....).

Soyons précis: il ne s'agira pas de reprendre un enfant qui partirait à l'inverse du sens de l'écriture dans son travail personnel, mais par la répétition du fait que, nous, nous présentons tous les exercices toujours en respectant ce sens de l'écriture, l'enfant va finir par s'en imprégner grâce à son esprit absorbant.
Si nous constatons qu'un enfant persiste à faire systématiquement les choses dans le sens inverse, alors c'est qu'il faudra être très vigilant au moment de l'écriture. Mais pour l'instant, cela n'aurait aucun sens d'interrompre un enfant parce qu'il brosse la table en faisant des boucles dans le "mauvais sens"! On n'interrompt le travail d'un enfant que s'il y a danger ou détournement  trop important. D'ailleurs, ne nous affolons pas, l'enfant brossera peut-être du "bon côté" un autre jour et son sens de brossage n'aura pas forcément d'incidence sur sa manière de former les lettres par la suite.

Pour terminer sur le rôle de la vie pratique dans la préparation à l'écriture, il faut noter que la pédagogie Montessori ne prévoit pas d'exercice de graphisme. La préparation de la main est entièrement réalisée par la vie pratique et la vie sensorielle. Les formes à dessin et les lettres rugueuses permettront à l'enfant de passer à l'écriture (un article sur l'écriture est en préparation)

vendredi 8 avril 2011

Fatigue du changement de saison


Cette semaine a été moins facile que les 3 autres: le changement de saison et l’arrivée de la chaleur se font ressentir sur les enfants qui ont moins le coeur à travailler. Il faut sans cesse aller les aider à se mettre au travail. Cette semaine, il y a eu beaucoup de moments où des enfants se sont mis à travailler spontanément ensemble. Parfois, il faut stopper ces initiatives quand elles n’apportent rien et créent du désordre, mais parfois, le travail à 2 est très constructif.




mardi 22 février 2011

Encore un mardi


Comme la semaine dernière, le mardi est un bon jour! 

Je suis particulière contente parce que Tommaso commence à se «normaliser». Jusqu’à présent, il avait besoin de beaucoup de sollicitations pour prendre une activité et attendait beaucoup que je lui fasse de nouvelles présentations. Hier, après la ligne, il avait vraiment du mal à démarrer, malgré mon aide. Comme tout le monde s’était mis facilement au travail sauf lui, j’ai fini par le laisser tranquille. l’environnement des enfants au travail a suffi à lui donner l’impulsion pour commencer à choisir une première activité (Clémence est même venue lui proposer de l’aider à choisir!).

Ce matin, j’avais en tête 2 présentations à lui faire et me demandais si j’allais lui présenter rapidement ou attendre un peu. Alors que j’étais sur le point de l’appeler, il a fini par choisir une activité et en a enchaîné plusieurs à la suite avec beaucoup de sérieux, reprenant même «laver le miroir» que je lui avais présenté la semaine dernière mais qui m’avait semblé pas très pertinent au regard de la difficulté qu’il a éprouvé à essuyer le blanc de Meudon. Comme quoi!

Liv aussi se «normalise». Hier et aujourd’hui, elle a réussi a choisir et enchaîner seule plusieurs activités. ce ne sont pas les plus en pointe de son panel d’activités, mais c’est un sacré progrès! Espérons que cela résistera aux vacances qui s’annoncent.

Clémence, aujourd’hui, a filé dans la classe dès la dernière bouchée du petit déjeuner avalé. A 8h15, elle démarrait son contrat. Au moment de la ligne, elle avait fini toutes ses activités de Langage et Calcul!

Mais voici des images:






mardi 1 février 2011

Une séance comme on les aime


Le mardi matin devient ma matinée la plus légère: seulement 5 enfants, et tous déjà bien habitués à la classe. Aujourd’hui, la séance de travail a été magnifique. Les enfants étaient plein d’entrain et tous ont travaillé sur les activités les plus en pointe de leur niveau actuel.
Clémence s’est mise au travail avant l’arrivée des enfants. Elle avait déjà fini 2 activités au moment de la ligne. Pauline a voulu travailler le 1er son des mots avant l’arrivée des enfants et Liv s’est jointe à son travail pendant que Tommaso s’empressait de prendre le plateau de pâte à modeler auquel il n’avait pas eu accès hier.
Quand Eloïse est arrivée, nous avons travaillé sur la ligne. En ce moment, nous chantons avec les clochettes. Pour celles qui connaissent, nous chantons «Do, ré, mi la perdrix». Ensuite, nous faisons un travail d’écoute et de reconnaissance sur les 3 premières notes. Un bon moyen pour les enfants qui n’ont pas encore eu la présentation des clochettes de se familiariser avec la manipulation de ce matériel fragile.
Après la ligne, Clémence a filé faire une division, Tommaso a pris le plateau de géométrie tandis que Pauline et Eloïse travaillaient ensemble la mise en paire à distance. Seule Liv n’arrivait pas à démarrer, choisissant un livre qu’elle regardait peu.
Puis Tommaso s’est longuement absorbé sur l’exercice des cintres, tandis que Pauline démarrait l’escalier marron et la tour rose. A ce moment, Liv se sentait prête pour faire l’escalier, mais elle a dû attendre. Heureusement le tri des boutons l’a absorbée le temps qu’il fallait.


Il a été temps pour moi de présenter les barres rouges et bleues à Eloïse. Le temps qu’elle mette ses barres en place, Pauline avait fini avec la Tour et l’Escalier et venait nous rejoindre pour la leçon en 3 temps. Liv, quant à elle, attaquait l’escalier marron et se donnait enfin le temps d’expérimenter.
A la fin de la leçon en 3 temps, Pauline est allée essayer d’écrire des «l» sur l’ardoise de calligraphie tandis que nous écrivions 4 mots de la 1ère dictée muette avec Eloïse. Pendant ce temps, Liv me réclamait les cartes de combinaison entre la tour et l’escalier. Je lui ai d’abord proposé d’essayer de trouver seule comment les mettre ensemble. Une première combinaison a vu le jour. Tommaso, lui, avait terminé l’activité des cintres et triait les boutons, quant à Clémence, elle avançait tranquillement sur son contrat.



 Après cela, c’est Eloïse qui a essayé le «m» en calligraphie. Pauline a pris de la Vie pratique et j’ai présenté la 1ère puis la 2ème boite des couleurs à Tommaso qui avait entre temps pris des nomenclatures. Ensuite, j’ai présenté les formes à dessin à Liv.
Pour terminer, J’ai pris avec moi Liv, Pauline et Eloïse et j’ai repris avec elles la leçon en 3 temps sur le 1er plateau de géométrie. Nous avons ensuite fait des petits jeux tactiles et d’observation: les 3 formes sont sur la table, j’en retire une pendant qu’elles ont les yeux fermés. Il faut nommer la forme qui manque. Un exercice qui demande à la fois de la concentration et une maîtrise parfaite du vocabulaire; c’est une sorte de 3 ème temps supérieur: nommer l’objet en son absence!
Autre exercice: avec un masque, ou les yeux fermés, j’amène la  main de l’enfant sur le bouton d’une forme. Il la prend et la touche comme il le fait habituellement et doit reconnaître la forme.
Ces petits jeux ont bien plu. Parallèlement, j’ai amené dans la classe un plateau de découpage avec ces 3 seules formes, pour commencer.
Après cela, il était temps de mettre la musique. Chaque enfant s’est occupé de sa part de rangement puis nous sommes sortis dans le froid. Clémence était ravie: elle avait fait tout son contrat du matin et même les activités qu’elle fait généralement l’après-midi!
Quant à moi, j’étais ravie de la manière dont la séance s’était déroulée. Il est rare que les enfants travaillent autant dans la matinée. J’espère bien que cette séance ne restera pas un cas isolé .


Et l’après-midi, Pauline a repris les barres rouges et bleues pour les mettre en escargot, tandis que Clémence continuait sa table de Pythagore en perles (bientôt un billet).


mardi 25 janvier 2011

barres bleues


J’ai présenté les barres bleues à 2 enfants de la classe ainsi qu’à Thérèse. Seul problème: ils ne reprenaient pas spontanément le matériel. J’ai suggéré maintes fois à l’une et l’autre des 3 filles de le reprendre - sans succès.
Pour chacune des 3, l’activité paraissait difficile. Les barres sont encombrantes, il faut arriver à gérer le matériel dans l’espace... Le temps passait et les barres prenaient la poussière.
Pourtant, les 3 enfants étaient prêts. Manque de confiance en soi et de normalisation expliquaient ce délaissement. J’ai donc demandé à chacun des enfants de reprendre le matériel, tout en écoutant leurs réticences, leurs craintes et en proposant de rester à côté d’elles.
Cela a marché pour chacune des 3, à mon grand soulagement! Il a parfois fallu faire des compromis. Pour Pauline, accepter de mettre en place la grande barre immédiatement et de ne mélanger que les 9 autres. Pour Eloïse, l’aider à sortir les barres et rester près d’elle un moment...
J’ai commencé ce travail avec Pauline depuis un moment et elle fait maintenant ses barres avec plaisir. Cet après-midi, elle a même passé beaucoup de temps à les aligner parfaitement. L’exercice est maintenant maîtrisé (avec les 10 barres mélangées) et nous allons pouvoir passer aux barres rouges et bleues.




Thérèse, elle, commence à mettre les objets par 2, de manière très contrastée, comme elle avait fait pour les cubes. Elle a du mal à les organiser tous alignés à gauche et a besoin de mon aide pour cela.


vendredi 21 janvier 2011

Une activité pour l'éducation de la volonté


Récemment, je lisais un post sur le blog de Susan Dyer, The Movable Alphabet. Cette éducatrice faisait le constat que de nombreux enfants autour de 4 ans éprouvent une grande difficulté à choisir une activité et tournent dans la classe sans parvenir à choisir.
Susan Dyer conseille une activité qu’elle nomme «fetching and pairing». Le principe est très simple et peut être réalisé avec de nombreux matériels. Je l’ai montré à Pauline avec un tiroir du cabinet de géométrie. Le tiroir est posé sur un tapis. Un 2ème tapis est déroulé à l’autre bout de la classe ou alors, on utilise une table. J’ai demandé à Pauline d’y apporter toutes les formes du tiroir, ne gardant sur mon tapis que les cadres.
Ensuite, j’ai donné à Pauline un petit plateau, j’ai pointé un cadre avec une baguette chinoise et demandé à Pauline de me rapporter dans son plateau la forme correspondante.


L’exercice possède de nombreux avantages: il fait travailler les enfants dans le mouvement, ce qui est important, à leur âge. Ensuite, il demande à l’enfant de faire un choix. Face à la table ou au tapis, il est seul pour décider quel objet ramener. Puis, lorsqu’il revient, il peut constater la pertinence ou non de son choix et repartir chercher un autre objet si son premier choix ne convenait pas. 
Susan Dyer indique que ce choix permet à l’enfant de progresser dans l’éducation de sa volonté. Lorsque l’enfant de cet âge répond à l’éducateur qu’il «ne sait pas quel matériel prendre», il dit la vérité. Il n’a pas encore suffisamment de maturité pour accéder tout le temps au choix de son activité. Exercer son choix dans un cadre circonscrit lui permet de s’approprier cet acte, d’en mesurer les conséquences et d’avancer dans la voie de l’éducation de la volonté qui mène à la véritable liberté.
D’ailleurs, j’ai constaté que juste après la présentation de cet exercice, Pauline avait une conscience très claire de ce qu’elle voulait faire et qu’elle a enchaîné les activités sans que j’ai besoin de m’occuper d’elle.

Cet exercice a encore un avantage non négligeable: il permet aux enfants de reprendre des matériels négligés et de se les approprier.
 
Lorsque l’enfant a compris le principe avec l’éducateur, on peut proposer à 2 enfants qui s’ennuient de travailler ensemble. C’est ce que j’ai fait avec Liv et Pauline. Elles ont beaucoup aimé travailler ensemble. Malheureusement, il y avait beaucoup d’enfants dans la classe aujourd’hui, avec lesquels j’avais à travailler. Or, au bout d’un moment, l’activité a dégénéré car elles n’ont pas su y mettre fin. Il faut donc que je veille à être disponible lorsqu’elles font cette activité pour repérer le moment où leur temps de concentration est dépassé et les aider à y mettre fin pour passer à autre chose (Susan Dyer a d’ailleurs un très bon article à ce sujet.)



mardi 11 janvier 2011

Gros retour à la vie pratique


Il est étonnant de constater que lorsque les enfants sont déstabilisés, on voit beaucoup de vie pratique dans la classe. Les activités sensorielles, de langages ou de mathématiques nécessitent en effet un engagement fort: de la concentration, de la disponibilité d’esprit et un acte fort de volonté.
Mais je suis assez satisfaite de voir les enfants prendre la vie pratique. Ils montrent ainsi qu’ils ont suffisamment de volonté pour faire le choix d’une activité et de s’y engager, ce qui n’est généralement pas le cas quand ils se contentent de dessiner vaguement ou de feuilleter un livre ou de prendre la ferme. Ce foisonnement de vie pratique est tout de même le signe qu’un pas dans la normalisation est déjà bien accompli et toute activité dans laquelle l’enfant s’engage lui permet de progresser dans la voie qui le ramènera aux activités plus complexes. Et tout cela sans parler des indéniables bénéfices qu’ile en tirent pour leur autonomie et la préparation indirecte à la suite.
Vie la vie pratique, donc!




Et après toute cette vie pratique, on voit aussi refleurir la vie sensorielle, comme Tommaso qui reprend les cylindres présentés la semaine dernière et qui touche consciencieusement les trous, alors qu’il ne l’avait pas refait lors de la présentation.


lundi 10 janvier 2011

Lundi à la ruche


Il y a désormais 6 enfants dans la classe le lundi! Anciens et Nouveaux doivent apprendre à se connaître et s’adapter pour travailler ensemble et accepter de ne pas toujours trouver une table disponible. Les enfants nouveaux doivent trouver leurs repères dans la classe, s’adapter à ma manière de travailler. Les autres enfants les prendre en compte sans se laisser distraire dans leur travail. Mais ce lundi, ça fonctionnait plutôt pas mal! J’ai même eu le temps de sortir l’appareil.


Edit: Sous l'image de Liv à la pipette, il faut lire "dans ce contexte" et non "conteste"...



mardi 7 décembre 2010

Formes et volumes


Petit focus sur 2 activités de Pauline et Liv.
Pauline semble manifester une curiosité particulière pour les triangles. Lorsqu’elle travaille le cabinet de géométrie, c’est très souvent le tiroir des triangles qu’elle choisit et, après un temps sans les toucher, elle revient aux boites des triangles constructeurs.
Ce matin, elle a travaillé avec 2 boites: la petite boite héxagonale et la boite triangulaire. En dehors des figures à réaliser, ce qui a particulièrement passionné Pauline, c’est de superposer les triangles similaires et de passer ses doigts sur les sommets et les côtés des «paquets» ainsi formés. La boite triangulaire, avec sa série de triangles qui reforment tous le même triangle l’a beaucoup intéressée. Elle l’a refaite 2 ou 3 fois de suite.


Liv, grâce aux cartes d’activités, reprend maintenant régulièrement ses volumes bleus.
Alors que la présentation lui a été faite, entre autre, dans un moment où elle semblait s’intéresser particulièrement au toucher, elle touche relativement peu les volumes. Ce qui l’intéresse au plus haut point, ce sont les empilements. Dans le petit film qui suit, on notera qu’elle utilise la discrimination visuelle: elle sort un volume, observe éventuellement la forme de la base qu’elle va utiliser puis cherche du regard le volume qui lui manque. On voit qu’elle a déjà bien mémorisé les associations. Mais aujourd’hui, elle a superposé 3 volumes (pyramide, cube, parallélépipède) qu’elle n’avait jamais superposés que 2 par 2 jusqu’alors.
Une fois son empilement terminé, le tactile revient: Liv touche les sommets pointus des volumes. Je note que , chez elle, le tactile semble secondaire au regard: c’est parce qu’elle voit une similitude qu’elle va toucher. C’est l’enregistrement par un autre canal d’une sensation visuelle.
Enfin, dans la 2ème partie du film, on voit Liv ranger ses volumes. Je trouve ce moment intéressant: il marque à la fois une progression du sens de l’ordre (les volumes sont bien alignés) et renseigne sur l’état de son organisation spatiale. Des choses commencent à se mettre en place: la 1ère ligne a été rangée de gauche à droite (sens de l’écriture), mais ensuite, elle a continué dans l’autre sens et en allant du bas vers le haut.
Evidemment, ce ne sont pas des choses que nous chercherons à faire «corriger» à l’enfant en proposant une extension ou un prolongement, mais ce sont des petits indices très révélateurs pour l’éducatrice. L’air de rien, son rangement m’en apprend sur son degré de latéralisation et d’organisation dans l’espace. Il m’incite a être très vigilante avec elle lorsqu’elle compose des mots avec le grand alphabet mobile pour qu’elle se positionne bien face au tapis (pour qu’elle ne voie pas son travail à l’envers) et qu’elle commence bien à placer ses lettres en haut à gauche sur le tapis. Tout cela pour essayer de limiter au maximum les désagréments liés aux phénomènes d’écriture et de lecture inversés.


vendredi 3 décembre 2010

Laver le miroir


Vrai beau moment de concentration pour Liv, ce matin. Le «laver le miroir» l’a absorbée comme rarement, longuement et plusieurs fois


Ensuite, je n’ai pas eu à intervenir: elle est allée toute seule à son casier prendre ses activités une par une et elle en avait choisi beaucoup!
Le vendredi, il y a généralement pas mal d’activité car il y a Inès et Yasmine qui ne viennent qu’une fois par semaine et travaillent ensuite avec leur maman. Je suis beaucoup avec elles et Liv a tendance à «tourner» plus que les autres jours. Aujourd’hui, il y avait Maia en plus, mais je n’ai pas eu besoin d’intervenir pour aider Liv à se mettre au travail. Espérons que ça dure!

lundi 29 novembre 2010

Trinôme en tranches


La matinée commençait tranquillement: Clémence avait choisi les activités sur son planning et commençait à travailler; Liv avait repris la pâte à modeler et, se laissant guider par les morceaux déjà modelés, fabriquait un bonhomme de neige; Eloïse se lançait dans la peinture, tandis que Pauline alternait dessin, ligne, tentative de pseudo-écriture et observation sans arriver à trouver ce qu’elle voulait pendant que je présentais une nouvelle étape de la mémorisation de la multiplication à Clémence...


Liv, après un petit moment d’observation, a choisi ses activités du jour et s’est mise au travail pendant qu’Eloïse lavait son matériel avant de passer à ses chères lettres rugueuses avec moi. Clémence continuait son travail avec un exercice de grammaire et Pauline n’arrivait toujours pas à trouver d’activité, tournant autour de la ferme et des cartes des animaux sans arriver à faire quelque chose de constructif avec...


Je désespérais d’arriver à aider Pauline à se poser, elle était un peu bruyante et me fuyait en râlant dès que j’essayais de l’approcher pour l’aider à choisir...
Et finalement, elle est allée chercher le trinôme et s’est installée silencieusement à une table. Quand je suis passée voir discrètement ce qu’elle faisait, j’ai eu la surprise de la voir tenter de reconstruire le trinôme hors de la boite alors que je ne lui en avais jamais parlé.


Au bout d’un moment, Pauline était un peu coincée car elle n’avait pas placé le 3ème gros parallélépipède noir et rouge. Je lui ai montré sur le plan et, une fois qu’elle a placé ce morceau, le reste de la construction est allée tout seul et très rapidement.
Comme Pauline aime beaucoup comparer le trinôme et le plan, observant attentivement à chaque fois la séquence rouge-bleu-jaune, il m’a semblé qu’il était opportun de lui montrer comment cette séquence se répète partout dans le trinôme en le découpant en «tranches» dans toutes les dimensions.
La démonstration a enthousiasmé Pauline: «Il est vraiment magique, ce trinôme!» et elle a repris seule le découpage avant de ranger dans la boite.


Quand je vois l’intimité qu’elle a avec ce matériel, j’aimerais bien être projetée dans quelques années, pour voir sa réaction lorsque nous reprendrons ce matériel pour l’étude des produits remarquables et de l’extraction des racines carrées et cubiques!
En attendant, elle a eu droit à la présentation de la table de Pythagore.


Et pendant ce temps, les autres travaillaient...
Et pendant ce temps, les autres travaillaient...