Hier après-midi, Clémence a patienté un long quart d’heure pour pouvoir faire de la balançoire. Quand nous sommes arrivées au square, elle a foncé vers les balançoires, comme à son habitude, pour prendre son tour. Il y avait une autre petite fille avant elle et une autre déjà installée. Cette dernière a monopolisé l’engin pendant tellement longtemps que tous les autres enfants venus prendre leur tour ont fini par renoncer. Mais Clémence a tenu bon. Elle voulait sa balançoire d’abord et avant tout et aucune des autres activités du square ne présentait d’intérêt à ses yeux à ce moment-là. Une fois qu’elle a fait son tour, le toboggan, le parcours, les escaliers, le sable ont fait ses délices.
Cette petite anecdote m’en rappelle plusieurs, lues dans les ouvrages de Maria Montessori ou racontées par les formatrices d’Aide à la Vie, où des enfants étaient capables de patienter parfois plusieurs heures pour obtenir un matériel qu’ils avaient vraiment envie d’utiliser (dans les écoles Montessori, il n’existe qu’un seul exemplaire de chaque matériel).
Cette capacité à attendre l’objet que l’on désire vraiment arrive normalement quand l’enfant a suffisamment évolué pour être capable d’une réelle autonomie dans le choix de son travail. A ce moment, l’enfant sent ce qui est bon pour lui et le fait progresser.
Je dois dire qu’avec Clémence, nous n’en sommes pas là. Mais la patience dont elle a su faire preuve en cette occasion m’a paru un signe encourageant.
Rapidement après sa naissance, nous nous sommes aperçus qu’elle était ce qu’un pédiatre américain nomme un “bébé aux besoins intenses”. Le moins que l’on puise dire, c’est que la patience n’est pas une caractéristique de ces enfants!
Bien que Clémence n’ait pas trop de problème a réussir ce qu’elle entreprend, on l’entend fréquemment râler: “c’est trop long!” lorsqu’il s’agit de ranger ou de faire certaines activités nécessitant un peu de précision et un minimum de temps.
Dernier exemple en date, cet après-midi: je lui ai sorti une forme à dessin et lui ai montré comment s’en servir. La phase de dessin de la forme l’a enchantée, mais lorsqu’il a fallu colorier, elle a exécuté un très joli travail pendant 15 secondes environ, puis son travail est devenu très imprécis et elle s’est rapidement arrêtée. J’ai réussi à lui faire reprendre son crayon encore un moment, mais dès qu’il lui a semblé qu’il y avait suffisamment de couleur un peu partout dans le cercle, elle s’est empressée d’arrêter...
Quand je vois combien tout ce qui touche au graphisme est difficile et ennuyeux pour elle, et la place démesurée qu’il tient maintenant dès la 1ère année dans les école maternelles, je suis confortée dans mon choix de ne pas scolariser Clémence l’année prochaine...
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