S’il y a une chose avec laquelle je ne suis pas tout à fait en plein accord avec progression de la pédagogie Montessori, c’est l’introduction du travail sur la couleur.
Je trouve que ce travail arrive tard. En théorie, l’enfant commence la vie pratique entre 2 ans et demi et 3 ans s’il est à l’école, un peu plus tôt à la maison. Plus l’enfant est petit, plus sa période de pur travail de Vie Pratique est longue (3 à 6 mois) avant d’aborder les 1ères activités Sensorielles, parmi lesquelles la 1ère boite des couleurs, soit très largement après les 2 ans de l’enfant et plus généralement vers 3 ans ou plus.
Or les enfants sont préoccupés par les couleurs bien avant cela et commencent à les discriminer très tôt. Avec un tout petit, on a tendance a faire disparaître la couleur de notre langage. C’est une erreur: c’est comme si l’on attendait que l’enfant parle pour lui adresser la parole.
J’ai lu récemment -mais hélas, je suis incapable de me rappeler où- qu’il ne fallait pas hésiter à utiliser les adjectifs de couleurs, ne pas hésiter à dire: “comme tu es jolie dans cette robe rouge!”...”regarde le joli cube vert”... Cette utilisation des adjectifs de couleur aiderait l’enfant à mieux les discriminer.
Chez Clémence comme chez Pauline, j’ai constaté que l’intérêt pour les couleurs venait très tôt. Clémence a commencé à utiliser des adjectifs de couleur à tort et à travers vers 20 mois. A cette époque, je ne connaissais pas Montessori. Nous avons donc nommé la couleur de tout ce qu’elle nous montrait et à 22 mois, elle connaissait et reconnaissait quasiment les 11 couleurs de la 2ème boite des couleurs...
C’est un peu plus tard que j’ai lu - dans cet article que je ne retrouve pas- que lorsque l’enfant commençait à nommer des couleurs, il avait en fait déjà fait le plus gros du travail qui consiste à les discriminer et qu’on pouvait lui proposer des activités avant ce stade...
Lorsque Pauline a commencé un peu avant 20 mois à dire “rose” en montrant la plupart du temps un objet rose, je me suis rappelée cette lecture et j’ai décidé de proposer un tri de couleurs alors même qu’elle n’avait pas encore commencé la Vie Pratique. Le résultat était éloquent: la notion de couleur était bien comprise.
Un peu avant Noël, j’ai essayé de montrer la 1ere boite de couleur, mais ce fut plutôt un fiasco.
Puis elle a commencé un peu de Vie pratique dans la classe et j’ai décidé de ne pas attendre 3 ou 6 mois pour lui remontrer la boite.
Dans le cadre de la classe, l’activité est mieux passée. Comme elle est très petite, lorsqu’elle sort cette boite, je lui prépare les 3 couleurs en colonne et la laisse apparier les 3 plaquettes restantes. Quand elle essaie seule, elle forme rapidement une paire correcte mais n’est pas encore suffisamment organisée dans l’espace pour placer correctement les autres paires. Par exemple, elle apparie les 2 rouges puis prend les 2 jaunes, mais les place de part et d’autre de la paire jaune.Par contre, si je lui prépare la colonne, elle réalise l’exercice sans trop de problème. Mais elle n’a pas encore la coordination motrice suffisante pour faire de jolies paires bien alignées. La colonne se déstructure vite...
Cependant le manque de coordination ne signifie pas que la perception visuelle ne soit pas là.
Je l’ai constaté lorsque j’ai demandé à Pauline de ranger la douzaine de crayons de couleurs qu’elle avait pris dans les pots. Mis à part un crayon rose tirant sur l’orange et un bleu très pâle, elle a su replacer chaque crayon dans le pot approprié.
Cela me fait dire que si on sent son enfant prêt et qu’il est encore très jeune, on peut sans doute proposer une variante de l’exercice plus appropriée à ses capacités motrices: des billes, des perles ou des jetons de 3 couleurs primaires à mettre dans des pots colorés?
C’est vrai que cela isole moins purement la qualité “couleur” que dans l’activité proposée avec des plaquettes, mais si on sent son enfant intéressé, à mon avis, ça vaut le coup...
Cet après-midi, Pauline était dans un trop grand état de surexcitation pour que j’essaie la leçon en 3 temps. Par contre, elle était attirée telle un aimant par le puzzle de l’Europe en cours de peinture et répétait: “peinture! peinture!” en essayant d’attraper le pinceau.
Nous sommes donc descendues à la cuisine et Pauline a eu droit à sa 1ère séance de peinture. Avec une seule couleur et avec les mains, comme il se doit en Montessori, bien sûr!
Et bien sûr, après ça, lavage des mains:
Ah merci pour ce post; j'ai récemment eu une conversation de sourd avec quelqu'un formé par la Source Montessori. Ma fille de 18 mois connait les trois couleurs primaires et deux des secondaires. Je ne vois pas pourquoi ce serait trop tôt ?? Les formations semblent rigidifer une pédagogie qui se veut souple et centrée sur les intérêts de l'enfant ... reste que sans formation, on est bien contents de trouver des blogs tels que le votre qui expliquent les présentations et les progressions, merci !
RépondreSupprimerOui, il n'est pas toujours facile de faire la différence entre l'adaptation et le fait de proposer certaines activités beaucoup trop tôt. Je vois beaucoup de personnes qui galvaude certaines activités sensorielles en les présentant beaucoup trop tôt.
SupprimerComme je le précisait dans ce post, à 20 mois, la 1ère boite des couleurs représentait un challenge d'organisation dans l'espace beaucoup trop difficile et pourtant, je sais maintenant que Pauline est une petite fille qui possède des qualités remarquables dans ce domaine...
Mais le tri de couleur me semble très approprié à cet âge et il fait partie des activités du Nido.