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mardi 13 octobre 2009

Le verbe




Clémence analyse sans problème les groupes nominaux maintenant: repérer le nom, l’article et l’adjectif est devenu une sorte de réflexe. Par ailleurs, cela fait un moment qu’elle lit et comprend des phrases. Il était donc temps de présenter le verbe.
La présentation est ludique: sur des petits billets, on écrit des ordres sous la forme d’un verbe à l’impératif: chante, marche, saute, danse etc...
Les billets sont pliés, on demande à l’enfant d’en tirer un et de le lire dans sa tête. Il doit faire ce qui est écrit et l’adulte doit deviner ce qui était écrit.
Quand tous les billets ont été lus, on explique à l’enfant que tous les mots qu’il vient de lire indiquent “ce que l’on fait” et on colle une pastille rouge au-dessus de chaque verbe en précisant que dorénavant, dans une phrase, on placera cette pastille rouge sur le mot qui répond à la question “que fait-on?” que l’on se posera après les 3 premières (“quel est le mot qui indique: 1. de qui ou de quoi on parle? 2. s’il y en a un ou plusieurs? 3. comment est ce dont on parle?” )



On pourrait tout à fait en rester là. La présentation est déjà suffisamment marquante. Mais les natures de mots peuvent aussi être présentées à l’aide de symboles en 3 dimensions et il se trouve que j’avais acheté le matériel du nom et du verbe. J’ai donc prolongé ainsi en m’inspirant de mes lectures de la Pédagogie Scientifique ainsi que du blog de Louanflob.

Sur un billet, j’ai écrit “Clémence” et je lui demandé de mettre le symbole. Puis j’ai expliqué: “Tu t’en rappelles peut-être, je t’avais expliqué que tout a un nom et que les mots qui nous indiquent de quoi ou de qui on parle sont des noms. “Clémence”, c’est donc un nom. Toi, tu as l’habitude de coller un triangle noir sur les noms. Mais le symbole du nom, on peut aussi le représenter comme cela”.





Je reprends: “Sais-tu ce qui se passe quand on met le charbon dans le feu, pour faire une barbecue, par exemple?” Clémence ne voit pas... “Il devient rouge.” Clémence se rappelle, maintenant.
Je sors maintenant la boule rouge du verbe: “Cette boule, elle est rouge comme le charbon qui brûle. Et elle a la même forme que le soleil qui est une grosse boule de feu. Tu vois, s’il n’y avait pas le soleil, il n’y aurait pas de vie sur la Terre. Regarde ce qui se passe quand je mets la boule sur ma main...”
Je place la boule dans ma main bien ouverte. Immédiatement, elle roule et menace de tomber. Clémence s’exclame: “Elle roule!”
-”Oui, elle roule, elle bouge. Elle ne reste pas en place, comme si elle était vivante. Cette boule, c’est le symbole du verbe, le mot qui indique ce que l’on fait. C’est lui qui apporte du mouvement, de la vie, au nom. “ Je désigne le billet du nom: “Là, il y a ton nom, “Clémence”, mais il ne se passe rien. Si j’ajoute ce billet (je place à côté le billet “chante”) ça y est, tu fais quelque chose, je te vois agir.”





Clémence a adoré la petite danse de la sphère dans ma main, elle a voulu le refaire, elle aussi ainsi que de sentir la stabilité de la pyramide dans sa main. Je pense que cette petite expérience très sensorielle est très marquante pour les enfants.
Ensuite, j’ai écrit sur une bande de papier une phrase du petit livre que Clémence venait de lire et je lui ai demandé de poser les questions et de mettre les symboles de nature de mot sur chaque mot. Elle n’a eu aucune difficulté à le faire.





Cette présentation a beaucoup marqué Clémence. L’après-midi, je recevais une petite fille en atelier et Clémence a demandé des billets de choses à faire.
Je lui ai donc fabriqué des “billets à ordres” qui sont justement l’un des exercices qui prolongent cette présentation. J’ai écrit des ordres un peu plus complexes: ouvre la porte, regarde par la fenêtre, prends un tapis...
Clémence s’est régalée à lire “dans sa tête” et à exécuter les ordres (pour une fois!). Ensuite, je lui ai demandé de coller une pastille rouge sur les mots qui indiquent ce que l’on fait et, comme elle était très motivée, d’analyser le reste des mots. 
Comme les gommettes étaient décidément très récalcitrantes à coller, Clémence a fini par dessiner les symboles au crayon de couleur.




Dans la dernière phrase, Clémence a analysé “par” comme un verbe. C’est tout à fait normal étant donné qu’elle ne connaît pas encore la préposition et que “par” est l’homonyme de “pars/part” qui est bien un verbe. Quand j’ai demandé à Clémence si dans cette phrase il fallait partir, elle m’a répondu que non et s’est donc rendu compte que ce n’était pas un verbe. Je lui ai expliqué qu’elle ne pouvait pas encore mettre de symbole sur ce mot que nous n’avions pas encore appris.
Normalement, dans ce cas, il faut, par exemple, entourer le mot et lui dire de ne rien mettre dessus. Mais là, j’ai été une peu prise de court par le côté improvisé de l’exercice et le fait que mon attention était plus centrée sur la petite fille qui venait en atelier...

1 commentaire:

  1. Merci. Je ne connaissais pas les raisons pour lesquelles Maria Montessori avait choisi ces symboles et couleurs. Quelle grande intelligence ! Merci pour le partage.

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