Aujourd’hui, dans le bureau où je fabrique le matériel, Clémence a découvert les boites des lettres mobiles. Je n’ai pas eu besoin de lui présenter: elle se rappelait bien la période où je découpais sans relâche et se souvenait parfaitement d’avoir écrit quelques petits mots avec moi lorsque j’étais chez mes parents à la fin du mois de juin.
Dans la boite, elle tombe en arrêt sur les “c” et s’exclame: “Ça c’est ma lettre!” Puis elle entreprend d’essayer seule de décomposer son prénom et trouve rapidement qu’après “k” on entend “l”. Mais rapidement, elle change de mot (s’est-elle trouvée bloquée par le son “é” qui suit? En effet, elle sait reconnaître ce son, mais pas l’écrire, puisque nous n’avons pas vu les accents...).
A défaut de son prénom, elle décompose “papa”, ce qu’elle sait faire depuis longtemps. Le temps de trouver les lettres dans la boite et voilà le mot écrit sur le premier espace de bureau libre qu’elle trouve.
Clémence était évidemment très fière. Ensuite, elle commence à s’interroger sur sur le mot “Pauline”. Je décide de l’accompagner dans sa recherche (au début de l’écriture spontanée, il ne faut pas hésiter à aider l’enfant, à décomposer un maximum le mot en le prononçant.). Le “p” est immédiatement trouvé mais elle bloque sur le son “o”. Elle parle plusieurs fois de “a” avec un ton plein d’interrogation. Je pense avoir compris: sur la porte de leur chambre, il y a 2 jolis écriteaux en bois avec le prénom de chaque fille. Clémence sait quel prénom est écrit sur chaque écriteaux. Elle a donc mémorisé la présence du “a” dans le prénom de sa soeur, mais comme elle ne sait pas encore que “au = o”, elle en est perturbée.
Au passage, ce petit exemple démontre bien l’inutilité de faire reconnaître son prénom à un enfant en petite section de maternelle. Cet apprentissage qui donne l’illusion aux parents que leur enfant commence à apprendre à lire, au mieux ne sert à rien, au pire peut embrouiller l’enfant qui commence à faire une relation entre les lettres et les sons.
Après un long moment à répéter “po” en l’incitant à bien écouter et à ne pas penser à ce qui est écrit sur la porte de la chambre, elle finit par reconnaître “o”. Le reste des sons est rapidement trouvé.
Clémence a donc écrit le prénom de sa soeur de manière phonétique. Il s’agit évidemment d’un premier stade. N’oublions pas que l’enfant à ce moment est encore tout petit. Il sera bien temps de travailler l’orthographe un peu plus tard! Pour l’instant, l’essentiel est de travailler la correspondance lettre/son et surtout de laisser libre cours à l’envie d’écrire. Ne l’embrouillons pas en abordant dès maintenant les différentes manières d’écrire “o”, ne cassons pas son élan en corrigeant l’orthographe. Ce temps-là viendra. L’orthographe fera l’objet d’un apprentissage méthodique, couplé à une connaissance très profonde de la grammaire.
Bientôt, dans sa volonté d’écrire, Clémence se trouvera confrontée à des sons qu’elle ne peut pas écrire (“ch”, “an”, “on”, é...). Soit elle décidera d’écrire un autre mot, soit elle viendra me demander comment écrire ce son. Je lui montrerai à ce moment-là (il y une démarche particulière que j’expliquerai lorsque nous en serons là).
Calligraphie
Parallèlement à son envie d’écrire avec les lettres mobiles, Clémence s’exerce à la calligraphie. Cette activité se commence normalement dès que l’enfant connaît bien une lettre rugueuse. Son toucher est léger et il est capable de toucher la lettre sans la regarder.
Jusqu’ici, il nous manquait l’élément essentiel pour vraiment commencer: le tableau ligné. Après avoir longtemps cherché une grande ardoise de restaurateur (celles qu’ils utilisent pour le plat du jour, par exemple), j’ai fini par la fabriquer moi-même. J’ai trouvé chez Leroy Merlin une chute de contreplaqué à 1€ et j’ai utilisé de la peinture à tableau. J’ai ensuite utilisé du blanc correcteur pour tracer la réglure qui reprend exactement celle des lettres mobiles.
Pour l’utiliser, Clémence va choisir une lettre rugueuse. Elle commence par la toucher longuement, jusqu’à ce que son toucher soit sûr et léger, puis elle s’exerce sur le tableau avec la craie.
Après cette longue séance d’écriture, Clémence a pris ses volumes bleus qu’elle a longuement manipulés avant de les détourner un peu pour satisfaire sa soif de construction du moment.
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