Mauvaise passe

Aujourd’hui, à l’atelier, on sentait bien que tous les enfants étaient un peu fatigués. La pluie incessante, le manque de lumière devaient y être pour quelque chose. Néanmoins Kikabeille, Sibylle et Dya ont trouvé des ressources pour se mettre au travail.

Kikabeille est arrivée en affirmant nettement qu’elle ne voulait pas faire l’escalier marron (à quoi j’ai répondu qu’elle en avait parfaitement le droit) et je pensais qu’elle allait passer la séance à dessiner avec les formes à dessin. Mais finalement, elle a pris les volumes qu’elle a très longuement caressés, observés, comparés. Je lui ai montré les bases qui l’ont beaucoup intéressée.

Sibylle a enchaîné les activités un peu tout azimut: vie pratique, vie sensorielle, culture, langage, mathématiques, elle a pris un peu de tout. Quant à Dya, après un long moment avec les formes à dessin, elle a enchaîné le langage et les mathématiques avec une courte pause de vie pratique à mi-séance. Nous avons longuement fait le jeu de la banque puis je lui ai présenté le tableau des symboles (disponibles en section “Téléchargements”).

Aujourd’hui, c’est le comportement de Clémence qui m’a inquiétée. Elle a commencé par dire qu’elle ne voulait pas travailler et a disparu dans la chambre où Pauline essayait de s’endormir.

Quand je suis allée la chercher en lui rappelant qu’elle voulait terminer enfin la 2ème étape de la mémorisation de l’addition, qu’elle n’avait plus que 5 opérations à faire, elle s’est mise à dire qu’elle n’en ferait que 4 et qu’elle garderait la dernière pour le lendemain...

Rien qu’à ce genre de remarque - signe évident de mauvaise volonté - je me doutais que nous n’allions pas passer une séance des plus faciles...

Effectivement, Clémence a eu énormément de mal à travailler. Elle a tout de même fait ses 5 opérations, mais au prix de nombreuses interruptions et interventions sonores qui dérangeaient tout le monde. Ensuite, elle voulait que je lui présente tout de suite la 3ème étape. Mais j’ai dû lui expliquer que ce n’était pas possible aujourd’hui car c’était long, que j’avais beaucoup à faire avec les autres et qu’elle-même avait encore beaucoup d’activités nouvelles sur lesquelles travailler.

Bien entendu, elle n’a pas voulu les travailler et a demandé la maison aux serrures. Au bout de 5 minutes, nous en avions assez de tout le bruit provenant d’une manipulation assez hasardeuse (la maison aux serrures comporte une chaînette et de nombreux systèmes de fermeture qui tintent désagréablement lorsqu’ils sont ouverts et qu’on bouge la maison...). 

Fort heureusement, les volumes bleus manipulés par Kikabeille lui ont fait envie et le bruit agaçant a enfin cessé. Mais les volumes n’ont pas réussi à l’intéresser suffisamment. 

Alors que j’étais en pleine explication de matériel avec Dya, accroupie devant une étagère, Clémence se jette sur moi pour me demander quelque chose. Ayant manqué de me cogner le nez sur l’étagère et coupée en plein milieu d’une phrase, je repousse doucement Clémence vers l’arrière et lui demande d’attendre que j’aie fini. C’est alors qu’elle va chercher son doudou et le lance violemment sur Dya et moi en criant: “je ne veux pas que tu me pousses.”

Une rapide explication m’a permis de comprendre qu’elle ne supportait pas d’attendre pour me parler et qu’elle ne voulait pas que je m’occupe de Dya. Sur quoi elle est sortie en colère de la classe pour aller dans sa chambre où elle a bien sûr réveillé sa soeur...

J’ai pris le temps de terminer ce que j’avais à faire avant de monter la voir. Elle était très en colère, visiblement très jalouse que je puisse accorder du temps à d’autres petites filles. Je mets ce comportement en relation avec le fait que ces derniers temps, elle soit scotchée à son doudou, qu’elle mette tout à la bouche et qu’elle ait beaucoup de mal à se “décramponner” de son papa lorsqu’il est à la maison.

Après le goûter, Clémence a passé un agréable moment avec les autres petites filles en jouant à des jeux de société. Puis, après leur départ, j’ai essayé de mettre les choses au point avec elle, notamment sur le fait qu’il était important que les ateliers se passent bien. Mais j’ai l’impression que ça ne sera pas facile. Il va falloir trouver ce qui cloche vraiment et résoudre le problème...